Après la mise en place d’un Comité d’action publique 2022, le gouvernement fait de la destruction des services publics et de la fonction publique sa priorité pour 2018.
Sans grande surprise, le séminaire gouvernemental qui s’est tenu le 3 janvier a été l’occasion pour le gouvernement d’indiquer qu’il n’y aura pas de « pause » dans les réformes structurelles et antisociales. Après la loi Travail qui, on le voit aujourd’hui avec PSA et Pimkie, sert à licencier à moindre coût les salariéEs, le gouvernement met au cœur de ses priorités la réforme de l’État. Et, quand un libéral parle de réforme de l’État, nous savons exactement ce que cela veut dire : disparition des services publics et suppressions massives d’emplois de fonctionnaires. Macron et son gouvernement ne dérogent pas à cette règle.
« CAP 22 »
Depuis le 13 octobre 2017, le gouvernement a mis en place, au nom de la modernisation de l’État et de la réduction des déficits et de la dépense publique, un comité d’action publique 2022. Ce comité s’est installé assez discrètement et sans grande polémique, mais avec un cahier des charges extrêmement clair : privatiser et/ou abandonner certaines missions. Sa composition est aussi assez éclairante. En effet, il comprend 34 membres, dont nombre d’énarques, beaucoup d’experts issus de la commission Attali réunie en 2008 par Sarkozy, ainsi que plusieurs membres de l’Institut Montaigne, plus libéral, tu meurs. On y trouve aussi quelques hauts fonctionnaires, lesquels ont pas mal pantouflé. À cet aréopage s’ajoutent des dirigeants de grandes entreprises privées et de start-up. Et enfin, certains élus de tout bord ralliés à la cause. Bref, un comité dont les membres diront au gouvernement quoi faire au nom de leurs intérêts et de ceux qu’ils représentent. Ce comité, qui se réunit toutes les semaines, doit remettre ses « préconisations » en mars 2018. Et, a priori, ces conclusions deviendront la feuille de route de la politique de Macron.
Toujours plus d’austérité
Le gouvernement ne semble toutefois pas satisfait des premières remontées du Comité, pas assez audacieuses pour Edouard Philippe qui pousse donc, selon les Échos, à « ouvrir en grand les portes et s’autoriser à se poser beaucoup de questions ». D’ores et déjà certaines pistes sont étudiées très sérieusement comme le rapprochement (fusion ?) de l’Urssaf et de la Direction générale des finances publiques sur les plans fiscal et social, ou les CAF et CPAM. Ou encore la mise en place d’un holding commun pour l’audiovisuel et la numérisation…
Pour le gouvernement, tout est ouvert et, surtout, tout doit changer vite. Pourquoi une telle volonté ? Tout simplement pour atteindre les objectifs de réduction des déficits et de la dépense publique votée avec la loi de finances de 2018 qui prévoit de ramener les dépenses publiques de 54,7 % du PIB à 50,9 % en 2022. Cette nouvelle réforme de l’État sera donc une nouvelle fois une réforme pour une austérité toujours plus grande pour la majorité du monde du travail et permettra encore et toujours plus de supprimer des emplois.
L’appropriation sociale pour répondre aux besoins
En s’attaquant à la fonction publique, aux services publics et aux fonctionnaires, Macron ne fait qu’accentuer les politiques menées par ses prédécesseurs de gauche comme de droite et de ce qui se passe au niveau européen. Les services publics sont considérés comme une sorte d’empiètement « socialiste » dans le système capitaliste, et on comprend mieux les attaques incessantes dont ils sont victimes. Macron va donc accélérer et, pour lui, cette nouvelle réforme est une réforme structurelle qui fait partie intégrante de sa volonté de changer durablement les bases de notre société.
Il est donc urgent que les agentEs et leurs organisations syndicales s’organisent et se mobilisent. Et, plus largement, le monde du travail. Car lutter pour les services publics représente un enjeu de société : c’est défendre un projet fondé sur la solidarité et la satisfaction des besoins sociaux contre une société reposant sur le profit et les seuls intérêts des actionnaires et des propriétaires des moyens de production et d’échange.
Joséphine Simplon