Publié le Dimanche 22 décembre 2013 à 17h49.

Transports Île-de-France : le compte n’y est pas !

Pour le deuxième tour des Régionales de 2010, le premier point du programme de l’union PS, Verts, PCF était la tarification unique du pass Navigo mise en œuvre à mi-mandat… C’est l’heure des bilans.

Au premier tour, le PS s’était contenté de défendre des tarifs réduits pour certaines catégories, EÉLV réclamait 65 euros pour tous, et le FdG 56 euros (le tarif de l’époque pour les zones 1-2). Plus de trois ans se sont écoulés. Où en sommes-nous ?Depuis 2011, la zone 6 a été annexée à la zone 5, c’est-à-dire que les habitants de Provins, d’Étampes ou de Mantes-la-Jolie qui travaillent à Paris (ou vice-versa) ne paient pas plus que ceux de Roissy, d’Évry ou de Cergy, soit 113,20 euros par mois au lieu de 65,10 pour celles et ceux qui ne fréquentent que la zone 1-2, principalement Paris et la très proche banlieue (Montreuil, Saint-Denis ou Neuilly-sur-Seine). Autant dire que le plus gros du chemin vers la tarification unique reste à faire.

Tout augmente... sauf les revenus !Depuis plusieurs années, pour participer à l’amélioration du réseau (disent-ils...), les dirigeants du STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France, autrement dit Huchon et la majorité de gauche de la région) augmentent pendant l’été les tarifs de 2 à 3 %, soit nettement plus que l’inflation et surtout que nos salaires, pensions de retraite ou indemnités chômage. Et cet hiver, en plus, pour répercuter l’augmentation du taux de la TVA intermédiaire de 7 à 10 %, il y aura une hausse supplémentaire de 3 % ! Certes, EÉLV a obtenu que cette augmentation-là n’affecte pas les tarifs 5 zones (ni les tickets à l’unité), mais insidieusement, au lieu d’aligner les tarifs les plus élevés sur les moins chers comme cela avait été annoncé, on prépare l’alignement sur la moyenne initiale. Du côté du FdG (qui a deux groupes distincts à la Région), le groupe PCF-GU s’est « courageusement » abstenu, à l’exception notable de Laurence Cohen, sa représentante au CA du STIF qui a voté contre, comme le PG et les Alternatifs. Il y a eu bien entendu un vœu voté pour demander au gouvernement de maintenir la TVA à 7 % pour les transports, produits de première nécessité, mais l’État est sourd à ce type de jérémiade.

Dézonage amélioréIl faut reconnaître quelques petits progrès en matière tarifaire. Pour la carte Imagine’R (scolaires), le dézonage qui avait été instauré sous le mandat précédent pour les week-ends et les vacances d’été va être étendu aux petites vacances. C’est une bonne chose qui évite à beaucoup d’ados d’être obligés de se faire payer un scooter… sauf ceux qui habitent à proximité de leur bahut et qui n’ont aucune raison d’acheter la carte.Pour les adultes aussi il y a un petit mieux : ils bénéficient depuis l’été dernier du dézonage d’été (du 15 juillet au 15 août) et les week-ends, mais le bénéfice n’est important que pour ceux qui ont un pass Navigo 2 ou 3 zones, ceux qui paient le moins. Beaucoup des habitants ou des salariéEs de la grande couronne peuvent déjà circuler dans toute l’Île-de-France sans supplément.

Les scandales de la carte AméthysteÀ part les anciens combattants, on n’a droit à cette carte qu’à partir de 65 ans. Mais avec les « réformes » successives des retraites, il n’y aura bientôt plus grand monde à être en retraite avant 65 ans, donc sans pouvoir bénéficier du remboursement par l’employeur de la moitié de l’abonnement ni avoir droit à la carte. Mais surtout il y a d’énormes inégalités entre les départements. En effet, c’est une mesure sociale qui est du ressort des conseils généraux et, suivant leur bon vouloir, les uns octroient cette carte de réduction pour les contribuables payant moins de 2 000 euros d’impôt sur le revenu (Paris), ou pour celles et ceux qui paient moins de 600 euros (Hauts-de-Seine). Ou dans d’autres départements, les cartes ne sont valables que dans deux zones (77, 95), trois zones (91) ou dans les cinq ! Depuis des années, la CGT réclame à la région d’uniformiser la situation. Sans succès jusqu’à présent...« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Cet adage du réactionnaire mafieux Pasqua s’applique manifestement aussi au Parti socialiste à la tête de la région Île-de-France.

Jacques Capet