Publié le Mercredi 18 novembre 2020 à 09h24.

État d’urgence, confinement autoritaire, sanctions… Imposons d’autres solutions !

À l’hôpital, le cauchemar recommence. Après la « première » vague en mars-avril, la deuxième, cet automne, frappe, et elle frappe fort. À nouveau les services sont pleins. Il faut à nouveau pousser les murs pour accueillir les patientEs « Covid » et les soigner, en essayant de ne pas sacrifier les autres malades. Cette fois toutes les régions sont touchées. Et le gouvernement pense « profits ».

La pénurie de personnel est critique et rend les conditions de travail encore plus difficiles. ÉpuiséEs, écœuréEs du manque de reconnaissance, certainEs démissionnent. Les « renforts », n’arrivent guère pour les remplacer. Les étudiantEs infirmierEs refusent de plus en plus de sacrifier leur formation pour une indemnité dérisoire.

Les « héros » d’hier sont redevenus des oubliéEs et ne le supportent plus. Ainsi, les 40 000 personnels du secteur social et médico-social se voient toujours refuser l’augmentation de salaire de 183 euros attribuée à leurs collègues des services hospitaliers. Les hospitalierEs atteints du Covid-19 qui n’ont pas été placés sous assistance respiratoire ne sont pas reconnus en maladie professionnelle même s’ils ont des séquelles sérieuses. Au CHU de Nantes, les cadres eux-mêmes n’acceptent plus « de gérer l’absentéisme, en l’absence de moyens quantitatifs et qualitatifs suffisants » et se sont mis en grève.

Un confinement autoritaire et inefficace

Macron, Castex, Véran prétendent que la deuxième vague a pris une ampleur « imprévisible ». La réalité est qu’ils n’ont rien voulu prévoir. Pendant des mois ils ont refusé d’entendre leurs propres experts du « conseil scientifique » qui les alertaient sur le retour de l’épidémie. Ils n’ont pas davantage entendu les personnelEs hospitaliers qui exigeaient des recrutements immédiats et pérennes.

La seule voix qu’ils aient écoutée est celle du patronat réclamant que la machine à profits tourne à plein, même au prix de la santé de la population. À nouveau débordés par une épidémie hors de contrôle, ils ont imposé un nouveau confinement, autoritaire, absurde et inefficace. Un patronat qui est aujourd’hui toujours à l’offensive, revendiquant toujours plus d’accommodements vis-à-vis des protocoles sanitaires en prétextant la détresse — bien réelle — de nombreux petits commerçants mais en pensant avant tout aux profits des grands groupes.

Pour celles et ceux qui travaillent, et pour la jeunesse qui étudie, la vie doit se résumer au slogan « métro, boulot, dodo ». Pour ceux à qui on interdit de travailler, c’est la précarité, les indemnisations insuffisantes, et le risque du chômage ou de la faillite. Pour les plus âgéEs c’est l’isolement. Pour tout le monde c’est la suppression de libertés fondamentales, l’infantilisation et les sanctions pour les récalcitrantEs.

Castex laisse tout juste entrevoir, à celles et ceux qui sauraient se montrer dociles, la récompense d’une « permission » de quelques jours au moment de Noël. Les propos du Premier ministre, osant affirmer que « les soignants ne nous demandent pas d’augmenter le nombre de lits de réanimation » alors que des avions doivent décoller chaque jour pour transférer, faute de place, des malades d’une région à une autre, font scandale.

Se mobiliser, maintenant !

En attendant l’arrivée d’un traitement ou d’un vaccin, la seule manière d’endiguer l’épidémie serait une stratégie de prévention fondée non sur des mesures autoritaires et inefficaces, mais sur la conviction et l’adhésion du plus grand nombre. Pour cela il faudrait faire confiance à la population en agissant sur le terrain avec elle et en l’aidant à s’organiser pour veiller au respect collectif des « gestes barrières », éviter les contamination, permettre le dépistage précoce et rapide des personnes contaminées et des « cas contacts », ainsi que leur isolement.

Les colères se multiplient contre les conséquence sanitaires et sociales de cette crise : soignantEs et enseignantEs qui exigent des conditions sûres et satisfaisantes pour exercer leur métier, salariéEs en lutte contre les licenciements, jeunes et précaires jetés dans la misère sans ressources et sans protection sociale, artisans et commerçants et professionnels au bord de la faillite et de la ruine.

Le 7 novembre à Toulouse 5 000 personnes, hospitalierEs, salariéEs de nombreux secteurs, forces politiques, Gilets jaunes… ont manifesté contre la politique sanitaire du gouvernement, pour un plan d’urgence dans la santé, contre le tournant autoritaire du pouvoir, et appellent à se mobiliser de nouveau le 21.

Le 10 novembre, les enseignantEs, malgré les pressions et les contraintes, se sont mobilisés pour imposer des mesures sanitaires fiables : dédoublement des classes, cantines… pour continuer à accueillir les élèves.

C’est en étendant et en généralisant ces mobilisations, dans l’unité, que l’on pourra éviter les nouvelles catastrophes sanitaires et sociales que ce gouvernement prépare, et imposer :
– Le droit aux loisirs et à la culture maintenu dans le respect de la ­distanciation physique ;
– Le contrôle des salariéEs sur ce qui est produit et comment on le produit ;
– Le contrôle des enseignantEs et des élèves sur les conditions d’études
– L’interdiction des licenciements
– La réduction et le partage du temps de travail (32 h) ;
– Un revenu mensuel au niveau du SMIC revalorisé, garantissant à chacunE d’éviter d’avoir à « choisir » entre contamination et survie ;
– Un logement décent pour touTEs ;
– Des papiers pour touTEs les sans-papiers ;
– Un plan emploi formation pour former et à embaucher à la hauteur des besoins dans la santé.