L’Insee vient de publier un document affirmant que les inégalités étaient en recul. Bizarre…
L’Insee vient de publier un document « Les niveaux de vie en 2013 » qui montre un recul de la pauvreté et une certaine réduction des inégalités entre les ménages les plus riches et les plus pauvres sur la période récente. Ces résultats ont été aussitôt claironnés par les porte-parole du PS. Mais ils sont surprenants à plusieurs titres.
D’une part, l’Insee utilise un partage des revenus en tranches de 20 %, et compare les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres. Or les 20 % les plus riches couvrent une très large palette de revenus : si on ne regarde que les 20 % de riches, on ne voit pas les 5 % de riches, le 1 % de très riches et encore moins les 0,1 % de super riches, ce qui a été clairement montré par les travaux de Thomas Piketty. Comparer des tranches de 20 % est beaucoup trop large et en conclure à une baisse des inégalités est très discutable.
Revenus financiers en baisse ?
De plus, comme il est indiqué dans le document de l’Insee, ce résultat doit beaucoup à la baisse des revenus financiers des riches. Il y a là un sérieux problème. D’abord, parce que ces revenus financiers sont fortement sous-estimés dans les déclarations des ménages à l’enquête « Revenus fiscaux et sociaux » et doivent donc être corrigés. Mais cette correction doit aussi être corrigée en se calant sur les comptes nationaux.
Car la dernière mouture de ceux-ci montre une baisse des revenus financiers. Mais cette baisse a été contestée, notamment par Michel Husson à propos des dividendes (les revenus que les sociétés versent à leurs actionnaires). En effet, ce qu’affirme l’Insee sur les dividendes ne correspond pas aux informations d’autres sources... Ainsi, la Banque de France ne relève aucune baisse.
Afin que toute la clarté soit faite sur ce point crucial, il est urgent que l’Insee rende public le détail des hypothèses et des raisonnements qui fondent ses évaluations.
Jacques Cherbourg