Sous Macron comme à l’échelle de l’Union européenne, la politique migratoire repose sur un durcissement systématique des lois et des pratiques. Le droit d’asile est attaqué, les régularisations bloquées et les expulsions facilitées, au prix d’une vie rendue intenable aux migrantEs. Face à cette machine à fabriquer des sans-papiers, des résistances s’organisent.
La politique des gouvernements successifs sous la présidence de Macron est en accord avec celle de l’UE. Dans la droite ligne du Pacte européen des migrations, la loi Darmanin, appliquée en janvier 2024 après un débat nauséabond inspiré par la propagande du Rassemblement national, a pour but avoué de rendre la vie intenable aux migrantEs. Elle les empêche de s’installer en bloquant leur régularisation, en les désignant comme boucs émissaires, responsables des maux de la société, de la délinquance, de l’insécurité. Elle a été durcie encore par les circulaires Retailleau.
Le droit d’asile attaqué
L’obtention d’un titre de séjour devient mission impossible, soumise à l’arbitraire préfectoral, avec l’obligation, entre autres, d’une durée de vie en France allongée à 7 ans. Le « contrat d’engagement aux valeurs de la République » permet aux préfets de refuser un titre sous prétexte d’incompatibilité entre les convictions personnelles du demandeur et les « valeurs de la République ». Tout « trouble à l’ordre public », englobant le plus petit délit, interdit toute chance d’être régularisé et permet même de retirer son titre à une personne en situation régulière. L’obtention d’un titre de séjour est soumise à la possession d’un diplôme de langue française. La langue n’est pas un élément d’insertion mais un instrument de sanction.
Le refus d’une demande de titre de séjour entraîne systématiquement une OQTF (obligation de quitter le territoire français) mais aussi une IRTF (interdiction de retour sur le territoire). L’OQTF devient une raison suffisante pour refuser toute régularisation. C’est une véritable machine à fabriquer des sans-papiers. La seule régularisation admise est par le travail dans les métiers dits « en tension », là où il y a pénurie de main-d’œuvre, selon une vision utilitariste aux relents néocoloniaux. S’y ajoute l’augmentation de la durée de rétention. Ce dispositif donne tous les droits aux préfets pour refuser l’obtention d’un titre de séjour et rend tout étranger, même en situation régulière, potentiellement expulsable.
Des résistances vivaces
Cependant de nombreuses associations solidaires des migrantEs les accompagnent juridiquement, les aident, les logent. Une dizaine d’écoles ont été occupées par des parents d’élèves à Grenoble pour héberger des familles à la rue ; des comités de soutien à des familles sans papiers se créent dans les écoles. Les mineurEs isoléEs luttent et s’auto-organisent. Dans plusieurs villes, des collectifs de sans-papiers bataillent sans relâche. Des associations viennent en aide aux réfugiéEs qui ont traversé mers ou montagnes. Au Pays basque, une campagne « J’accuse » met en cause les agissements de l’État français et défend 7 activistes qui passeront en justice en octobre prochain pour être venuEs en aide à des migrantEs et défendre leur droit de franchir les frontières. Enfin, l’espoir peut surgir de cette jeune génération qui manifeste aujourd’hui dans la rue et qui est clairement antiraciste.
Julie Piedra