Cette année, c’est sans scandale médiatique que l’exécutif a organisé sa rentrée islamophobe. Les mesures de l’exécutif, qui s’autosaisit pour détruire les organisations musulmanes, sont un signe de la fascisation en cours.
Mercredi 3 septembre, Bruno Retailleau annonçait la dissolution de l’IESH, seul institut de formation théologique pour les imams sur le sol français. Le même jour, les services de police plaçaient en garde à vue les responsables du CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe), l’une des associations les plus visibles de défense des droits des musulmanEs. Vendredi 5 septembre, Gérald Darmanin annonçait l’interdiction du port du hijab à l’École nationale de la magistrature.
De l’impossibilité de se défendre et d’exister
L’enchaînement, dans un temps si court, d’attaques du gouvernement contre deux institutions qui affirmaient la compatibilité de la pratique de l’islam et de la République participe à empêcher la normalisation de l’islam en France : par l’attaque du CCIE et de l’IESH, c’est respectivement la dénonciation de l’islamophobie comme contraire au droit et l’organisation de formations théologiques islamiques « françaises » qui sont déboutées. Se défendre et s’organiser, simplement pour exister sans renoncer à soi pour s’assimiler, cela vaut désormais, pour les musulmanEs, d’être repeintEs en ennemiEs de la République et criminaliséEs.
Le changement du règlement de l’École nationale de la magistrature est un jalon pour l’extension de l’invisibilisation des musulmanEs — qui vise désormais des étudiantEs, alors que l’université représentait jusqu’ici l’un des seuls espaces où les musulmanEs pensaient ne pas pouvoir être excluEs. Il ne fait pas de doute que ce changement constitue le marchepied pour l’extension des dévoilements à l’université, légitimés depuis la loi de 2004.
Jusqu’où ira l’exclusion ?
Depuis juin, les musulmanEs savent qu’un nouveau couperet tombera, avec une nouvelle loi pour la fin d’année : jusqu’où ira l’exclusion ? PrécariséEs économiquement par leur exclusion et leur discrimination, ce sont leurs existences entières qui sont placées sous le signe de l’instabilité par le racisme d’État : sans aucune garantie devant l’instabilité des lois et des règlements, sans pouvoir savoir ce qui sera interdit demain, ce qui peut être réprimé ici ou là, à la limite du pouvoir discrétionnaire de telle institution ou de tel raciste, face auquel ils et elles ont de moins en moins d’outils de défense.
Il est urgent de renforcer la lutte contre l’islamophobie et que chacunE prenne en charge localement la riposte contre l’exclusion des musulmanEs, criminaliséEs pour leur visibilité. Il nous faut nous mobiliser visiblement, faire de la solidarité réelle une tâche prioritaire, pas seulement pour dénoncer le racisme de l’État, mais en organisant la lutte avec les premierEs concernéEs par la fascisation qui vient.
Hafiza b. Kreje