Publié le Mercredi 15 mai 2024 à 10h40.

Une jeunesse marquée par Mai 1968

La pétition est, dans un premier temps, peu commentée par la « grande » presse. Cependant, l’Appel circule rapidement. Il est repris par des centaines puis des milliers de conscrits et même d’engagés. 

Cette liste de revendications démocratiques entre en résonance avec une situation politique encore largement marquée par Mai 68 et ses suites. Elle s’inscrit dans une suite de luttes de la jeunesse où les organisations se sont développées dans le soutien au peuple vietnamien. 

Les mobilisations contre les projets gouvernementaux se multiplient : contre la loi Debré, promulguée en 1971, et dont la mise en application met en cause l’accès aux sursis d’incorporation ; contre la circulaire Guichard ; contre le projet de loi Fontanet sur la réforme de l’enseignement secondaire en 1974. Et la répression est révoltante comme pour cette manifestation du 9 février 1971, appelée par le « Secours rouge » de Jean-Paul Sartre afin de soutenir la grève ouvrière de l’usine Batignolles à Nantes.  Arrêté pendant cette manif, le lycéen Gilles Guiot est lourdement condamné « en flagrant délit », avant d’être rejugé et libéré, et le jeune instituteur, Richard Deshayes, est ­défiguré !

Une forte tradition

Cette question, au cœur de la stratégie révolutionnaire, n’a jamais été complètement abandonnée dans notre tradition politique. Notre héritage est celui des soldats qui se sont placés aux côtés des ouvriers de la Commune de Paris, du 17e Régiment d’infanterie mettant « crosse en l’air » devant les vignerons de Béziers en 1907, des mutins de la Première Guerre mondiale et ceux de la mer Noire refusant d’intervenir contre les révolutionnaires russes, des soldats qui dans la Ruhr fraternisèrent avec les travailleurs allemands, ceux qui dans le Rif ont refusé d’intervenir contre les insurgés marocains, des soldats allemands et français qui ont organisé des noyaux communistes dans l’armée nazie, ceux qui ont manifesté leur soutien aux peuples d’Indochine et d’Algérie luttant pour leur indépendance.

Une tradition réactivée dès Mai 68 avec une des rares actions publiques initiée par des militantEs de la Ligue communiste à Mutzig et prolongée par l’organisation de la solidarité pour trois militaires de Vannes instigateurs d’une pétition en soutien à un appelé sanctionné pour avoir porté plainte contre un gradé coupable de coups… contre un appelé.