Publié le Mercredi 12 juillet 2023 à 10h47.

Du SNU à la résistance de la jeunesse, pour un avenir émancipé

Le SNU (Service national universel) est un dispositif gouvernemental créé en 2019 sous le gouvernement d’Édouard Philippe. Il vise à réunir des jeunes âgés de 15 à 17 ans dans un esprit mélangeant colonie de vacances et internat militaire. Au programme, dès 6 h 30 du matin, levée des couleurs au chant de la Marseillaise, tout en arborant l’uniforme du SNU aux couleurs modernes, plutôt que le classique treillis militaire.

Chaque jour, les volontaires participent à des modules collectifs et pratiques, initiation au code de la route, premiers secours, sport, institutions européennes, etc. Et n’oublions pas le couvre-feu à 22 h 30.

Un programme vendu comme une occasion de faire du brassage social et d’apporter des réponses à tous les maux qui traversent les différentes strates de la jeunesse. On y parle de thèmes comme l’écologie, la citoyenneté. Le tout, encadré par des gendarmes sur le temps scolaire.

De quelle jeunesse parle-t-on ?

Le brassage social des macronistes est depuis 2019 est un véritable échec. Pour 2022, on décompte 32 416 volontaires contre 50 000 jeunes attendus a minima. Cette expérimentation n’a pas rempli ses objectifs initiaux en matière de représentativité sociale » — 33 % des participantEs en 2022 ont au moins un parent qui travaille dans les corps en uniforme. Alors qu’ils ne représentent que 2 % de la population générale. 

La commission des finances du Sénat indique au sujet du brassage social : « Les jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV) ont représenté environ 5 % des jeunes qui ont participé au séjour de cohésion en 2022, alors qu’ils constituent 8 % des 15-17 ans en France. »

Le système capitaliste ne tient plus ses promesses de progrès social. Il est au contraire un mélange d’inflation galopante, de violences sociales permanentes et de catastrophe écologique poussant à une radicalisation des luttes et une contestation forte du pouvoir. Le gouvernement veut imposer par le SNU son sens de ce qu’est l’engagement et mater en parallèle tous les mouvements de jeunesse, comme dernièrement avec la dissolution des Soulèvements de la Terre et la répression de la révolte des quartiers populaires. L’élite a besoin d’une adhésion massive aux idéaux qu’elle défend et le SNU est un des outils de cette mainmise de l’État sur les ados. C’est-à-dire l’âge où les questions d’émancipation sont au centre même de l’existence. 

La réponse du gouvernement

À la suite de la mobilisation massive de la jeunesse pendant le mouvement des retraites, Macron a dû se résoudre temporairement à suspendre l’obligation du SNU. Au travers de Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, il adopte une approche beaucoup plus offensive et la stratégie change. La secrétaire d’État se refuse donc à rendre le dispositif obligatoire (pour l’instant) mais compte intégrer totalement la première phase de cohésion sur le temps scolaire dès mars 2024. Le projet prévoit aussi de favoriser les dossiers des élèves volontaires sur Parcoursup, ajoutant un obstacle supplémentaire à l’accès aux études supérieures tout en maintenant le célèbre mythe de la méritocratie républicaine.

Le but est clair : sélectionner toujours plus, mettre au pas la jeunesse, réduire au silence toute contestation. C’est tout le domaine de la scolarité qui est attaqué. Après la réforme des lycées pros permettant d’accroître l’esprit d’entreprise et l’exploitation, le gouvernement utilise ici l’école. Ceci dans un contexte de remilitarisation mondiale très inquiétant. Nous voyons aujourd’hui les différentes offensives réactionnaires se poursuivre et particulièrement contre le milieu universitaire dont sa partie critique contre le racisme est qualifiée « d’islamo-gauchistes », « d’indigénistes », de « séparatistes », tous les moyens sont bons pour imposer leur vision d’arrière-garde, autoritaire et fascisante. En macronie, la critique et la scolarité ne sont plus au programme.

Les perspectives de la jeunesse face à l’offensive réactionnaire

Tandis que les files d’attente à l’aide alimentaire ne diminuent pas, le SNU illustre l’absence de politique sincère envers la jeunesse. Les réformes successives, telles que Parcoursup imposant une sélection à l’université et la réforme des lycées professionnels, asservissent les jeunes apprentiEs et futurEs travailleurEs, ne répondent pas aux aspirations réelles des jeunes. En fin de compte, le SNU est le symbole d’un système politique menant une rude offensive à leur encontre.

Le gouvernement préfère investir dans les relents patriotiques, militaristes et méritocratiques plutôt que dans le social.

La jeunesse, le corps enseignant et les autres couches de la société doivent donc se mobiliser, car l’enjeu est double : il faut empêcher l’extension et l’obligation du SNU, puis exiger sa suppression pure et simple. De nombreux syndicats prennent déjà position sur le sujet, mais une dynamique de la jeunesse doit émerger (au-delà des pancartes en manif). Il faut construire une mobilisation populaire et radicale dans et au-delà des lycées et des facs, voire devant les casernes.

En effet, en plus des idées anti­militaristes, nous devons apporter une véritable réflexion anticapitaliste et émancipatrice qui est plus que jamais nécessaire à notre époque.