Publié le Dimanche 6 février 2022 à 20h00.

Non à l’embrigadement de la jeunesse !

Le service national universel a été mis en place en 2019. Il consiste à regrouper 50 000 jeunes lors de « séjour de cohésion » puis à les envoyer effectuer des « missions d’intérêt général » de minimum 84 heures dans l’année, le tout dans le but de « rendre service à la nation ».

Pour les élèves scolarisés, ces heures doivent avoir lieu sur leur temps libre et les vacances scolaires. Si pour l’instant il est réalisé sur la base du volontariat, le gouvernement ne cache pas vouloir le rendre obligatoire à l’horizon 2023. Les objectifs du gouvernement sont clairs : « faire vivre les valeurs républicaines ; renforcer la cohésion nationale ; développer une culture de l’engagement ; accompagner l’insertion sociale et professionnelle. »

« Défense, sécurité et résilience nationale »

Cette nouvelle mouture du service militaire cache derrière une rhétorique d’engagement civique, un esprit d’embrigadement. En témoigne par exemple l’interdiction d’utiliser les téléphones portables pendant le séjour de cohésion, l’obligation de porter un uniforme, de respecter la discipline mais surtout, de faire tout ça sous l’égide du drapeau tricolore et pour « l’intérêt de la nation ». Le plus éloquent restent les débuts de journée musicaux au son de la Marseillaise. On retrouve parmi les thématiques, plusieurs modules « défense, sécurité et résilience nationale » ou encore « sensibilisation aux valeurs et au modèle républicain ». On appréciera tout particulièrement la tenue de « temps de démocratie » en soirée pour revenir sur les temps forts de la journée de l’actualité, bel exemple de scoutisme républicain.

Travailler pour la nation, c’est encore mieux quand c’est gratuit ! En effet, ces 84 heures de mission d’intérêt général ne sont pas rémunérées et ne sont pas de refus pour de nombreuses structures… ainsi on retrouve des missions d’intérêt général dans des Ehpad, des établissements médico-sociaux, ou encore des établissements de santé pour « guider les patients, leur tenir compagnie, soutenir les services logistiques ». Les plus aguerris pourront valider une troisième phase facultative dites « d’engagement », sous forme de service civique ou mieux encore, d’engagement dans la réserve des armées !

Mais le gouvernement n’a pas le monopole du service nationalo-républicain, les candidatEs de tout bord lui donnent le change. À gauche, Mélenchon prône un « service citoyen obligatoire » dont les contours sont très flous mais n’excluant ni une « formation militaire initiale » ni un « engagement dans des structures associatives ». À l’extrême droite, Marine Le Pen ne s’est pas encore dévoilée, mais en 2017, elle proposait un « service à la nation » obligatoire d’une durée de trois mois dans le but de « développer le patriotisme au sein de la jeunesse ». Tout un programme…

La jeunesse qui marche au pas ça ne fait pas rêver, on la préfère le poing levé !