L’austérité écrase les LGBTI en temps que telLEs, pas seulement parce que c’est cher d’être « Fabuleuses » et « Badass », mais pour beaucoup de raisons...
Il n’y a pas d’un côté les travailleurEs, leurs luttes et l’oppressions de classe, et de l’autre des LGBTI qui gagneraient leur argent par les forces du Saint-Esprit. Nous, lesbiennes, gays, biEs, trans, intersexuéEs... sommes des travailleurs, des travailleuses, des précaires, des sans-emplois, et de ce fait, au même titre que les autres membres de notre classe, nous sommes victimes des attaques du gouvernement PS-Medef et des capitalistes... Avec quelques spécificités qu’il est nécessaire de rappeler.
Une dépendance à la famille renforcée
Les discriminations au travail nous touchent particulièrement, notamment les lesbiennes, les trans, les personnes « raciséEs » qui, de fait, sont victimes d’oppressions croisées. Mais en plus de ça, les politiques d’austérité pèsent particulièrement sur les LGBTI : qu’il s’agisse de la baisse du nombre de places d’accueil en foyer pour les LGBTI en rupture familiale, des coupes budgétaires dans la santé qui affectent les politiques de prévention et de soins du VIH/sida, ou encore du financement des associations de lutte contre l’homophobie et la transphobie, la politique économique austéritaire du gouvernement a un impact très concret sur nos vies.
Les salaires de misère, le chômage, les coupes budgétaires et les privatisations menées par les gouvernements capitalistes au service de la bourgeoisie, renforcent la dépendance à la famille qui, malheureusement on le sait, rejette encore trop nos orientations sexuelles et nos identités de genre. Quoi qu’on en dise, dans nos sociétés, et à cause du capitalisme, la famille est un bouclier contre l’austérité. Combien de retraitéEs vivent chez leurs enfants parce que leurs retraites de misère ne leur permettent pas de vivre décemment ? Combien de jeunes restent très tard chez leurs parents ? Combien de personnes se marient pour des raisons financières ? Et en parallèle, combien de jeunes LGBTI sont rejetés de chez elles, de chez eux ? De plus, on sait que dans ce système, toutes les familles ne se valent pas. Par exemple, les couples de même genre se voient encore trop souvent refuser des logements.
Le secteur de la santé asphyxié
Face à toutes ces oppressions et face évidemment au silence de l’État, le travail associatif reste nécessaire et indispensable. Or, on sait que l’austérité touche toutes les associations. Un des cas les plus cruels reste celui des associations de prévention santé. Dans son avis sur le Plan national de lutte contre le VIH/sida rendu public le 24 janvier 2014, le Conseil national du sida (CNS) constate une baisse généralisée des financements : « En 2011, première année pleine de mise en œuvre du plan, les crédits d’intervention nationaux et régionaux accordés aux opérateurs associatifs par l’État ont baissé de façon notable. L’absence de données comptables ne permet toutefois pas de quantifier dans quelle proportion. La baisse est liée aux réductions significatives des crédits des missions du budget général de l’État prévues dans le projet de loi de finances 2011. La baisse s’est poursuivie en 2012 et 2013. »
En 2014, c’est une baisse de 14 % du budget de prévention et de promotion de la santé, soit 20 millions d’euros en moins, et rien n’indique un changement. Au contraire, la situation dans les hôpitaux s’aggrave.
Les trans et intersexes subissent aussi les effets de l’austérité budgétaire, avec l’absence de réelles politiques sociales et de santé prenant en compte leurs besoins spécifiques. Ainsi, il faut se battre pour la formation des personnels en contact avec les personnes trans et intersexes.
C’est pourquoi, dans nos campagnes contre l’austérité, nous incluons un volet LGBTI avec les revendications suivantes, et menons une campagne spécifique : contre les coupes budgétaires dans le domaine de la santé ; pour des moyens pour les politiques de prévention et de soins du VIH/sida ; contre les discriminations des LGBTI dans le domaine de la santé (don du sang, soins funéraires...) ; pour des financements à la hauteur des besoins pour une vraie politique de lutte contre l’homophobie.
Tarik Safraoui