Vendredi 24 juin, 450 personnes, un public très jeune, se sont retrouvées à l’invitation du NPA pour une réunion publique sous forme de débat. Quelques jours après le second tour des élections législatives, il s’agissait de reprendre le fil des échanges, voire des confrontations, pour avancer dans l’organisation d’une gauche qui veut rompre avec le système.
Le plateau illustrait parfaitement les données de la situation. Outre la présence de notre camarade Philippe Poutou pour porter la radicalité d’un anticapitalisme nourri par les luttes, nous avons invité Aurélie Trouvé, ex-porte-parole d’Attac, aujourd’hui présidente du parlement de la Nupes et élue députée dimanche 19 juin. Elle avait aussi écrit il y a quelques mois le Bloc arc-en-ciel, livre dans lequel elle discutait de la convergence possible des radicalités issues des mobilisations autour d’un projet politique commun. Pour mener aussi le dialogue avec le courant incarné depuis une quinzaine d’années par Jean-Luc Mélenchon (du Parti de gauche à l’Union populaire/LFI), Danielle Simonnet, élue d’opposition de gauche à Paris et aujourd’hui députée, était aussi présente. Toutes deux étant porteuses de la récente expérience de l’Union populaire, puis de la Nupes, l’enjeu de nos échanges avec elles était bien de discuter de l’articulation entre la place prise au sein des institutions et la construction du nécessaire rapport de forces sur les lieux de vie et de travail, ne serait-ce que pour résister à l’offensive qu’entend continuer Macron ces prochains mois.
En contre-point pourrait-on dire, la présence de Samir Elyes, militant quasi historique des quartiers (du Mouvement de l’immigration et des banlieues des années 1990 au comité Adama aujourd’hui), portait la parole du collectif « On s’en mêle », regroupement de militantEs de quartiers populaires qui ont souhaité participer pleinement à l’expérience de la Nupes sans que cela n’aboutisse vraiment.
Ses interventions portaient l’urgence sociale de bien des milieux populaires, en particulier issus de l’immigration, de la dégradation des services publics (notamment l’école) au renforcement du bras armé de l’État, avec la montée en puissance de la répression policière, sans parler du développement menaçant de l’extrême droite raciste. Avec en toile de fond la méfiance légitime de celles et ceux qui ont déjà entendu tant de promesses venues de la gauche et à qui on ne la fait pas, ou plus…
Institutions et mobilisations
Les premiers échanges autour de l’analyse de la situation ont été marqués par de larges convergences. Si tout le monde s’est réjoui de la fragilité de Macron à l’issue de cette séquence électorale, le poids de l’extrême droite, avec en particulier les 89 élus du Rassemblement national, et les coups d’œil appuyés du macronisme en direction de la droite, voire de l’extrême droite, annoncent des jours difficiles. Les milieux populaires, la gauche sociale et politique, ne peuvent donc rester l’arme au pied.
En deuxième partie de réunion, une discussion s’est installée autour de la stratégie de transformation sociale de La France insoumise s’appuyant essentiellement sur les urnes, misant sur la possibilité de nouvelles élections législatives anticipées face aux difficultés de Macron, avec pour horizon possible Mélenchon Premier ministre. En opposition, Philippe Poutou a rappelé que nous ne sommes pas indifférentEs à ce qui se passe sur le terrain électoral qui peut produire des effets positifs comme négatifs, mais que notre projet reste que celles et ceux d’en bas fassent de la politique eux-mêmes et prennent leurs affaires en main. Qu’iels s’arment d’un programme radical qui ne cède rien par exemple sur le terrain du chauvinisme ou du souverainisme, avec la nécessité d’ouvrir les frontières... Notre camarade a aussi ajouté que la Nupes pourra d’autant plus résister à la classe dirigeante qu’elle se mettra sous la pression du mouvement social et de ses luttes.
Ce premier rendez-vous, réussi de l’avis du plus grand nombre, en appelle d’autres. En conclusion, au nom du NPA, Penelope Duggan a invité tout le monde à notre prochaine université d’été, qui cette année sera particulièrement utile pour mettre autour d’une même table les différentes composantes d’une gauche qui n’a pas renoncé à changer la société et les anticapitalistes et révolutionnaires ouverts à la discussion. Il faut aussi envisager des répliques locales de ce type de réunion. La gravité de la situation impose à touTEs de rompre avec le train-train et d’envisager concrètement de construire des convergences en soutien aux mobilisations, permettant d’avancer dans l’organisation d’un front politique durable en rupture avec le capitalisme.
On peut retrouver l’intégralité de la réunion du 24 juin en ligne sur notre chaîne YouTube : www.youtube.com/watch?v=RYz1-gPAtwc