Publié le Mercredi 14 décembre 2022 à 16h45.

Solidarité avec les migrants

Gérald Darmanin a un « rêve » : « rendre la vie impossible aux migrantEs ». Cela donne une idée des enjeux considérables derrière son projet de loi.

Pour les migrantEs et sans-papiers bien sûr encore plus précarisés et traqués. Pour les étrangers et étrangères dits « réguliers » assimilés à des délinquants potentiels et soumis à la menace de l’expulsion avec l’extension de la double peine. Pour les Françaises et Français raciséEs stigmatisés par l’inflation des politiques et discours racistes et des contrôles au faciès de la police. Pour tous les travailleurEs menacés par une loi qui légalise des conditions de travail et de salaires dégradées et adaptées aux exigences du patronat.

Notre réponse : un soulèvement, des quartiers aux lieux de travail, contre la loi Darmanin. Et donc la mobilisation active, des sans-papiers et associations de solidarité mais aussi des syndicats et organisations de la société civile. Elle peut être favorisée et nourrie par la conjonction entre plusieurs luttes, et d’abord par celle sur les retraites. Mais les liens ne seront pas automatiques. Penser que le mouvement de lutte sur les retraites sera la mère des batailles qui entraînera tout le reste serait une énorme erreur. Déjà parce que cela incite à repousser le combat en attendant la « vraie » bataille. Ensuite parce que cela nie la logique globale du pouvoir.

Un titre de séjour pour la main-d’œuvre « en tension »

Le nouveau titre de séjour prévu, dans la même logique que la nouvelle « réforme » de l’assurance chômage, offre aux patrons de secteurs dits « en tension » une main-d’œuvre légale — aux conditions qu’ils exigent. Quel que soit le résultat sur les retraites, ils et elles auront ensuite beau jeu de dire que les conditions actuelles dans les autres secteurs sont des privilèges qu’il faut retirer. Tandis que les racistes auront beau jeu d’expliquer que les immigréEs seraient responsables de ce ­« ­dumping social ».

Il sera d’autant plus difficile de s’y opposer — y compris dans certains secteurs de notre classe — si on a laissé le virus raciste et sécuritaire développé dans la loi Darmanin se diffuser.

Construire la riposte, à commencer par le 18 décembre

Les manifestations du 18 décembre seront le premier round et une première dynamique de cette bataille générale dans toutes les villes de France. La possibilité de gagner contre cette loi reposera sur l’unité de toutes les forces et de la diversité des modes d’action (de rue, juridiques, médiatiques ou institutionnels). Mais ne nous mentons pas : le moteur du succès sera la mobilisation populaire.

Alors les suites doivent déjà se construire. Dans tous les lieux de travail, dans tous les quartiers, même à petite échelle, il faut organiser rapidement des réunions d’information sur le projet de loi et ses conséquences. Et réunir les forces, les coordonner. À Paris, une assemblée publique est déjà planifiée pour le 20 janvier. Et ailleurs ? La victoire n’est jamais sûre. Elle ne sera plus loin dès que nombreux seront celles et ceux qui l’entrevoient comme possible. Construire cela commence aujourd’hui.

Dossier coordonné par la Commission nationale immigration et antiracisme