L’avortement est autorisé dans tous les États-Unis, mais la situation actuelle est pour le moins complexe
En 1973, la décision Roe v. Wade légalise l’avortement dans tout le pays. Trois ans plus tard, l’amendement Hyde interdit au gouvernement fédéral, via son programme Medicaid (l’assurance santé publique pour les personnes à bas revenus qui couvre actuellement 50 millions d’Américains) de couvrir les procédures d’avortement pour les plus démunies.
En 1984, lors d’une conférence de l’ONU à Mexico City, Ronald Reagan avait annoncé que l’agence de coopération américaine, l’USAID, ne financerait plus les organisations proposant l’IVG, le prônant ou le pratiquant, dans le cadre de programmes de planning familial ou de protection des droits des femmes dans le tiers monde. Bill Clinton avait levé cette interdiction en 1993. En 2000, le RU 486 a été admis aux USA. George W. Bush a rétabli l’interdiction des financements de l’IVG en 2001. Obama a levé cette interdiction en 2009.
Cependant depuis 1992, la Cour suprême a reconnu aux États le droit d’apporter des restrictions à l’avortement et 487 lois ont été adoptées pour réduire sa portée. Au fil des restrictions, les Américaines souhaitant recourir à l’IVG rencontrent de plus en plus d’obstacles : de plus en plus de régions manquent de cliniques pratiquant les IVG et beaucoup de femmes doivent faire de longs voyages pour obtenir une IVG. De plus, elles sont souvent harcelées par des manifestants anti-avortement devant les cliniques.
Le projet de loi d’Obama sur la réforme de la santé a permis aux anti-IVG de faire à nouveau peser des menaces sur le droit à l’avortement par le biais d’un amendement qui prévoit qu’aucun fonds de la réforme de la couverture santé ne pourrait être utilisé pour une interruption volontaire de grossesse, sauf dans le cas de pathologies graves, de viol ou d’inceste. Les partisans du projet initial ont dû faire des concessions de taille notamment sur le fait d’accepter cet amendement. Même si l’amendement a été retoqué, les menaces restent présentes car les deux textes sur le projet de loi en discussion n’ont pas encore statué sur la prise en charge de l’IVG.
L’offensive des anti-IVG, surtout dans les milieux chrétiens-conservateurs, reste puissante. Cette année une publicité anti-avortement a été diffusée pendant le Superbowl, par une association anti-avortement « Focus on the Family » qui a payé près de trois milliards de dollars pour diffuser un spot de 30 secondes le 7 février... Malgré les protestations des féministes et de téléspectateurs, la chaîne CBS a fait la sourde oreille.
Le bras de fer continue.
Alexandra Kleber