Publié le Mardi 3 mai 2016 à 23h28.

10 949 femmes

De Nassima Guessoum, sortie mercredi 27 avril. 

10 949 car selon les statistiques officielles algériennes, elles sont 10 949 femmes à avoir participé à la guerre de libération nationale (en fait plus selon la réalisatrice). Le film débute par des images de la télévision algérienne sur la célébration du 55e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, avec Bouteflika puis une chanteuse qui entonne l’hymne national. Loin de ce monde, Nassima Hablal chantonne du Brassens en préparant le café.

Nassima avait fait des études et était employée dans l’administration française à Alger. Parallèlement, à 17 ans, en 1945, a commencé son engagement militant clandestin. Elle raconte sa vie en la ponctuant de chansons françaises des années passées. Arrêtée en 1957, elle a été torturée par les militaires français, condamnée. Libérée, elle rejoint la lutte jusqu’à l’indépendance.

Ce n’est pas un film héroïque ; les trois femmes du film, outre Nassima, Baya Laribi ainsi que Nelly Forget, ont très durement (surtout pour Nassima et Baya) payé leur engagement, mais elles en parlent simplement sans rien dissimuler. Y compris les désillusions : Nassima était liée à Abane Ramdane (un des principaux dirigeants du FLN, éliminé en 1957 par ses propres compagnons), et elle a mal vécu les clivages entre les combattants de l’intérieur ou de France et ceux qui étaient à l’extérieur et, à l’Indépendance, sa joie a été mêlée d’amertume.

Le film permet de revenir sans pesanteur sur beaucoup de questions, et d’abord sur le rôle des femmes dans la lutte du peuple algérien. À voir s’il passe près de chez vous et à en suggérer la projection si vous le pouvez.

Henri Wilno

Le dossier de presse, passionnant, peut être lu sur http ://filmsdesdeuxrives.com