Préface de Catherine Baker, Éditions Lux, 2024, 312 pages, 16 euros.
Une préface en cri du cœur de Catherine Baker — la prison est une abjection. Une amère mise en garde, aussi : où est passée la verve anti-étatiste des années 1960 et 1970 ? Qu’attendre de révolutionnaires qui n’interrogent plus leur propension à punir ? Enfin, la proclamation d’une évidence : si l’on punissait les comportements problématiques en imposant à leurs auteurEs de porter du rose et que la peine était totalement inefficace, hésiterait-on à l’abolir ? Non. Alors quid de la prison ?
À raison, les auteurEs s’emploient à désarmer d’emblée les critiques réductrices les plus courantes de l’abolitionnisme. Idéaliste ? Simpliste ? Il n’en est rien. Bien au contraire, ces lignes montrent en quoi pénalisation et carcéralisation de nos sociétés ont procédé d’une réduction drastique de la complexité du monde social. Elles viennent par ailleurs rappeler aux abolitionnistes elleux-mêmes un aspect essentiel : « l’abolitionnisme indique une opposition systématique et dialectique au réformisme — et non à la réforme » (nous soulignons).
C’est pourquoi les auteurEs s’emploient à offrir au public francophone une histoire internationale de ce mouvement, de ces luttes, de sa pensée, de ses querelles… Charge à nous d’en exploiter le foisonnement et de nous saisir de cette invitation à la créativité, à la nouveauté, à la combativité. Outre la société, ce sont nos espaces militants qu’il faut décloisonner. L’abolitionnisme ne consiste pas à abolir, l’abolitionnisme consiste à proposer. Et pour cela, toutes les énergies vives sont réquisitionnées.
Anjela (Rennes)