Brillante Ma Mendoza. Avec Jaclyn Jose, Julio Diaz et Felix Roco. Sortie le mercredi 30 novembre
Dans un quartier pauvre de Manille, Ma’Rosa tient une petite épicerie. Pour faire vivre sa famille, elle complète ses revenus en revendant de la drogue. Il faut survivre, payer les études d’une des filles. Dénoncée, elle se retrouve avec son mari, Nestor, au commissariat. Là, les policiers leur mettent le marché en main : il faut payer ou aller en prison, ce qui serait dramatique pour les enfants. Comme l’explique le réalisateur dans une interview, les policiers préfèrent arrêter les trafiquants de drogue au début des week-ends : les tribunaux ne fonctionnant pas avant le lundi, cela laisse du temps pour négocier une libération contre de l’argent...
Les flics veulent 200 000 pesos (environ 4 000 euros), Ma’Rosa et Nestor donnent le nom de leur fournisseur de drogue. Les policiers lui extorquent violemment 150 000 pesos. Restent à en trouver 50 000. Les enfants se lancent dans une course effrénée pour ramener l’argent par tous les moyens possibles.
Tourné comme un documentaire, dans un vrai commissariat, caméra sur l’épaule, le film ne délivre aucune leçon de morale : la famille a pour seul horizon de se débrouiller pour survivre. C’est, selon le réalisateur, une histoire de gens ordinaires, comme 80 % de la population philippine. L’actrice principale domine le film : Jaclyn Jose a obtenu le prix d’interprétation féminine à Cannes.
Il y a dans le film un fatalisme de la misère et de la corruption, nulle révolte des personnages, ni de solidarité entre les pauvres. On est bien loin de Ken Loach. Une vision de la société qui peut déboucher sur diverses dérives : ainsi dans des interviews, Mendoza a marqué un soutien assez explicite au président philippin Duterte et à sa « guerre contre la drogue » qui a fait en quelques mois plusieurs milliers de morts, abattus sommairement par la police...
Henri Wilno