Publié le Mercredi 30 mai 2018 à 13h25.

Everybody Knows, d’Asghar Farhadi

Film hispano-franco-italien, sorti le 9 mai.

On attendait avec impatience le nouveau film d’Asghar Farhadi. Everybody Knows (Todos lo saben pour les puristes qui ne voient pas l’utilité d’un titre en langue anglaise), avec sa distribution impressionnante et le talent de Farhadi, promettait une ouverture du festival de Cannes remarquée.

Thriller psychologique

Asghar Farhadi nous sert un thriller psychologique se déroulant dans un petit village espagnol. Laura, qui a émigré en Argentine, revient dans son village natal pour le mariage de sa sœur. S’ensuit une intrigue sur fond de disparition, de règlement de comptes familiaux, d’anciennes passions ravivées, de jalousie, de vieilles rancunes…

La volonté de Farhadi de « coller » à la culture espagnole est évidente, et les études de personnages sont fouillées mais non abouties : le père de famille, « El anciano », tyrannique, égoïste, qui vit encore sur le schéma des années noires de l’Espagne dans la toute-puissance machiste qui a mené sa famille à la ruine ; le personnage de Javier Bardem, modelé par les changements politiques, économiques et sociétaux ; les personnages de femmes aux caractères trempés… 

Mais Farhadi n’a malheureusement pas réussi à maîtriser ce cadre ibérique. Choisir le cadre de la vie dans le milieu rural espagnol était intéressant. Les questions abordées (crise économique, exode des jeunes….) sont survolées. Et le thriller dans lequel il finit par se réfugier ne répond malheureusement pas aux attentes des spectateurEs. Les clichés s’empilent, l’intrigue est insignifiante, il n’y aucun suspense.

Le choix des acteurs était judicieux. Qui mieux que Penélope Cruz et Javier Bardem , figures emblématiques du cinéma espagnol et de Ricardo Darin, omniprésent dans le cinéma argentin pouvaient nous immerger dans le monde ibérique et hispanophone ?

Tous les ingrédients étaient réunis pour que nous retrouvions la qualité à laquelle Farhadi nous a habitués. Mais nous sommes bien loin de la qualité des films Une séparation ou le Client

Sylvie Tridon