Aux Galeries nationales du Grand Palais, jusqu’au 4 juillet 2016.
Quoi de commun entre les dessins de Charles Le Brun ou d’Albrecht Dürer, la statuaire indonésienne ou étrusque, les installations contemporaines, les masques africains et la peinture hollandaise du 18e siecle? A priori rien sauf si on laisse son regard ricocher, caramboler, par correspondances formelles d’images à travers les âges et les civilisations. C’est à cette divagation de l’inspiration, au pur plaisir du rapprochement iconologique qui décuple l’émotion que nous convie Jean-Hubert Martin dans cette très belle déambulation au Grand Palais : une nouvelle manière muséographique ?
Il faut oublier l’histoire de l’art, laisser place à la seule découverte sensible et se laisser surprendre par la magie des carambolages proposés sur un parcours de près 200 œuvres issues essentiellement des musées du Louvre, du quai Branly ou Guimet et de collections privées.
Ainsi, l’image d’une lacération appelle une singulière correspondance entre une incision de Lucio Fontana Concetto spatiale Attese, un bouclier Kikuyu du Kenya fendu, et une peinture florale du 18e de Nicola Van Houbraken, Autoportrait, au travers d’une déchirure de la toile ; ou encore la forme d’un crâne rebondit d’une installation murale d’Annette Messager, Gants-tête, à une peinture 18e, l’Alchimiste, de Joseph Heinz le Jeune, une Tête trophée momifiée du Pérou, et à une estampe de Katsushika Hokusai, Le Fantôme d’Oiwan-san.
La surprise est constante et ludique : alors qu’on s’attend presque à trouver l’Homme qui marche d’Alberto Giacometti à côté de l’Aphrodite étrusque, on trouve son Chat près de sarcophage et momie de chat d’Égypte.
à la fin, il convient de revenir dans la première salle : on y comprend mieux le concept de l’exposition illustré par l’Atlas Mnemosyne de Aby Warburg, fondateur de l’iconologie et l’installation néon de Maurizio Nannucci, Listen to your eyes.
Magnifique et jubilatoire.
Ugo Clerico