À la Maison de Victor Hugo (Paris IVe) jusqu’au 18 mars 2018.
Art et folie : les deux mondes se sont douloureusement côtoyés chez Victor Hugo, touché intimement par la folie de son frère Eugène et sa fille Adèle.
La Maison de Victor Hugo avait déjà évoqué les rêves, les visions graphiques, voire le spiritisme, ou exploré la frontière de la démence dans le fascinant rapprochement de Victor Hugo et de Louis Soutter. Elle rend ici un hommage, par l’exposition de leurs œuvres, aux malades artistes et aux psychiatres, les premiers collectionneurs qui ont sauvé leurs œuvres.
Quatre collections
L’exposition retrace l’évolution du regard de la société sur la folie et l’art dans les cliniques européennes depuis le 19e : de la pratique artistique comme expression d’une folie à la pratique thérapeutique afin de soigner celle-ci, de la naissance de l’art-thérapie à la reconnaissance d’un art brut à part entière.
On découvre ainsi au fil des quatre collections exceptionnelles présentées, rarement vues en France, des artistes singuliers, notamment :
– dans la collection du docteur Browne, pionnier de l’art-thérapie au Crichton Royal Hospital en Écosse, Joseph Askew ;
– dans la collection du docteur Auguste Marie de l’asile de Villejuif, en partie reconstituée par la Compagnie de l’art brut de Dubuffet et conservée à la Collection de l’art brut de Lausanne, Jules Léopold. Exposée en son temps au public (Breton acquiert deux œuvres), elle devient le sujet d’ouvrages comme l’Art et la folie ;
– dans la collection Walter Morgenthaler de la clinique la Waldau du Psychiatrie-Musée de Berne, Robert Walser et surtout Adolf Wölfli ;
– dans la Collection Prinzhorn de l’hôpital psychiatrique de l’université de Heidelberg, Else Blankenhorn, August Klett, etc. De cette collection, rendue célèbre par l’ouvrage Expressions de la folie qui a tant marqué les artistes d’avant-garde, sont issues quelques œuvres de l’exposition nazie d’art dégénéré de 1937.
Une exposition emblématique de l’art brut, à voir absolument.
Ugo Clerico