Musée de la Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, jusqu’au 28 janvier 2018.
Sur l’affiche en noir et blanc, une femme, les mains et le visage plaqués contre une vitre, nous regarde avec insistance et une inscription discrète, comme un appel au secours, est écrite à la main : « Ich möche hier raus ! » (« Je veux sortir d’ici ! »).
Un espace de soumission, d’oppression et de violences
Pour Brigit Jurgenssen, artiste autrichienne, « ici » c’est la maison, un espace domestique de soumission, d’oppression et de violences faites aux femmes.
L’exposition Women House réunit des photos, vidéos, peintures et sculptures de 39 artistes femmes, de 1930 à nos jours, autour de deux notions : le genre féminin et l’espace domestique.
Les œuvres dénoncent, non sans ironie, à la fois les tâches ménagères dans lesquelles les femmes ont toujours été cantonnées, mais aussi l’enfermement physique et social dans lequel elles sont.
Une citation de la Maison de poupée, pièce écrite par Ibsen en 1879, est mise en exergue indiquant à quel point la femme n’est qu’une projection de l’homme : « Notre maison n’a été rien d’autre qu’un espace de jeux. Ici, j’étais ton épouse de chiffon, ta poupée comme j’étais la poupée de papa ».
La maison est tellement devenue indissociable de la femme, qu’elle fait corps avec elle comme le montrent les sculptures de Louise Bourgeois et Laurie Simmons.
Même si pour certaines artistes la maison peut s’avérer être un refuge, (la maison-femme de Niki de Saint-Phalle), cela n’est possible qu’une fois que la femme s’est libérée du patriarcat et de la domination masculine.
C’est une exposition drôle, intelligente et féministe qui fait étrangement écho à l’actualité du moment.
À ne pas manquer.
Béatrice Walylo