Publié le Samedi 5 septembre 2015 à 11h58.

The Grateful Dead, « une idée humaniste »

Pas d’image de bons garçons pour ce groupe. Les musiciens fondateurs du Dead se rencontrèrent à la faculté de Palo Alto au début des années 60 et se sont immédiatement engagés dans le mouvement pacifiste lié à l’atmosphère révolutionnaire des années 60 américaines.

Ils veulent casser l’American Way of Life par la vie en communauté et apportent régulièrement leur soutien à des causes ou à des idées révolutionnaires. Leur vie et leur musique se veulent une rupture pour améliorer la vie des gens ; c’est-à-dire que le groupe donnait son temps et son argent à la communauté. Le succès venu, le groupe aménagea donc une grande demeure à Haight-Ashbury (San Francisco) ouverte à tous.

La musique du Dead consiste à mélanger scène et studio, à la manière des musiques électroniques. Les morceaux ressemblent à des « collages » musicaux, faits, d’après les mots de Jerry Garcia, pour l’hallucination. Écoutés d’un bout à l’autre, les albums mixés de cette période font l’effet d’un « courant » ou d’un « halo » musical aux accents psychédéliques en symbiose avec la philosophie orientale.

En concert, les morceaux s’étiraient comme pour casser la notion temporelle. Bien avant les groupes de métal, les musiciens inventèrent le « wall sound » et feront de chacun de leur concert un nouveau disque, libre de droits, que les fans pouvaient enregistrer et commercialiser.

Le mouvement continue

En 1995, Jerry Garcia meurt, mais le mouvement Dead se perpétue à partir de la maison commune gérée par la fille du grand musicien. Début 2015, aux 4 survivants (Bob Weir, Phil Lesh, Mickey Hart et Bill Kreutzmann) se sont joints le guitariste Trey Anastasio, l’organiste Jeff Chimenti et le pianiste Bruce Hornsby, pour rejouer la musique du Dead à l’occasion du 50e anniversaire de leur premier grand concert. 80 000 personnes dès le premier concert à Santa Clara, avec un vrai arc-en-ciel envoyé du « paradis » par Jerry dès l’ouverture du concert, et les musiciens se lancèrent dans une version hallucinante de 35 minutes (!) de Alligator ! « Le “Dead” est une idée humaniste de l’humanité dans tous les domaines de la vie. À commencer par la musique », a déclaré le batteur Mickey Hart en fin de concert...

En 2015, San Francisco créé encore et se bat contre les nouveaux capitalistes. La ville se retrouve aujourd’hui au cœur des contradictions du nouveau capitalisme basé sur la technologie Web. L’arrivée massive de cadres des Google et autre Apple, avec des revenus 4 fois supérieurs aux travailleurs et au petit peuple de San Francisco, provoque des réactions et une mobilisation du monde artistique en phase avec le mouvement « Occupy ». Le peuple est entré en résistance contre les sociétés de la Silicon Valley « en raison de leur rôle direct dans l’accroissement du coût de la vie et dans la destruction des communautés dans lesquelles [ils ont] grandi » (dixit le collectif The Counterforce).

Les enfants et petits-enfants des fans de Jerry Garcia du Grateful Dead et des frères Wilson des Beach Boys se battent aujourd’hui avec les « latinos » contre le capitalisme et la surveillance numérique généralisée. Les artistes de 2015 repeignent les « Google bus » sur un fond musical psyché et interpellent les dirigeants du Web jusqu’à leur domicile pour leur faire répondre de leurs agissements...

Sylvain Chardon

Anthem of the sun

Grateful Dead, Warner, 7 euros

Au printemps 1967, avec ce disque, Grateful Dead s’éloignait des formats commerciaux pour tendre vers une musique expérimentale marquée par une exigence avant-gardiste et une écriture plus complexe et recherchée. Cohésion des musiciens et capacités d’improvisation permirent de mixer performances « live » et enregistrements studio tout en enchaînant les morceaux sans interruption.

Le groupe créé une ambiance musicale qui incarne les voyages intérieurs induits par la prise de LSD. Anthem of the Sun, le premier album acid rock. Un témoignage insurpassable !

S.C.