Publié le Samedi 18 octobre 2025 à 11h00.

Parthenia, de Pauline Gonthier

Éditions Les Léonides, 2025, 270 pages, 20,90 euros

Après le très beau Les oiselles sauvages sorti en 2021, Pauline Gonthier revient avec un deuxième roman plus glaçant encore, sur les masculinismes et Internet.
Peu avant la présidentielle, Bourgel, un politicien réactionnaire, rompt avec son parti et se lance à l’aventure, se croyant homme providentiel. Plus il pousse en avant ses idées racistes et misogynes, plus il attire à lui des électeurs.

Léa, son assistante parlementaire, se met sans état d’âme à son service et coordonne sa stratégie numérique, entre deepfakes et coups de buzz. Elle rencontre Baptiste, quasi-incel désocialisé, qui traîne sa colère post-rupture sur des forums en ligne. Les deux n’ont rien en commun si ce n’est qu’iels jouent toustes deux à Parthenia.

Parthenia, c’est quoi ? Un jeu en ligne, un monde alternatif dirigé par un Duce, une cité gréco-­romaine imaginaire et hyperhiérarchisée. Léa voit vite le ­potentiel de cet espace pour booster la campagne de Bourgel… mais jusqu’à quel point pourra-t-elle l’utiliser ?

En 2014, a éclaté le Gamergate, grand backlash en ligne, antiféministe et raciste, ciblant des femmes de l’industrie vidéoludique comme Zoë Quinn et Anita Sarkeesian. Peu connue des milieux militants traditionnels en France, cette campagne politique a permis de donner un gros coup de boost en ligne aux courants masculinistes et à l’extrême droite aux États-Unis.

Ce roman met ainsi en lumière le rôle d’Internet dans les processus de radicalisation des hommes vers l’extrême droite, et comment cela relève d’une stratégie de la part des courants fascistes ou néofascistes.

La figure de Bourgel nous apparaît comme un Trump ou un Milei français, mais s’inspire également d’Alain Soral. Bourgel a par ailleurs bien compris qu’en multipliant les provocations, les médias et les réactions de ses opposantEs vont booster sa communication, et donc sa campagne.

Enfin, le roman nous fait aller à la découverte des milieux masculinistes dans toutes leurs ­spécificités : des incels aux coachs en séduction, en passant par les MGTOW (Men Going Their Own Way). C’est une illustration des travaux de Stéphanie Lamy, sans pour autant être un roman à thèse.

En ces temps d’aggravation de la crise politique, d’ascension de l’extrême droite et de développement des courants masculinistes, ce roman, impossible à lâcher, est à lire de toute urgence.

Sally Brina