Éditions du Détour, 2025, 144 pages, 14,90 euros
Jean Le Goff, psychosociologue et docteur en sociologie, a recueilli pendant plusieurs années les témoignages de militantEs de différents mouvements écologistes. Fort de sa propre expérience au sein d’Alternatiba, il livre dans Politiser l’éco-anxiété une synthèse des différents moyens qu’il a pu rencontrer de gérer et de sublimer l’angoisse environnementale.
De la prise de conscience à la remise en question
Que faire de ses émotions lorsque l’on est confronté à la menace de l’extinction de l’humanité à plus ou moins brève échéance ? Comment aborder la question de l’urgence climatique avec des gens totalement réfractaires, qui vont nous traiter, au mieux, d’utopistes, au pire de dangereux illuminés (ou même, pour les plus audacieux, d’écoterroristes, ça s’est vu...) ? Faut-il s’emparer de la lutte contre le réchauffement climatique en sensibilisant par de la discussion, de la formation, ou bien faut-il muscler le combat par des actions plus violentes, voire illégales. Quel sens ont encore nos choix de vie à l’échelle individuelle, en regard de l’inaction gouvernementale ? Au travers des expériences des militantEs rencontréEs, Jean Le Goff esquisse les grandes lignes des problématiques auxquelles sont confrontéEs les écologistes, qu’elles soient d’ordre privé ou organisationnel.
De la peur à l’engagement
Face aux images apocalyptiques de l’avenir que les analyses scientifiques et autres rapports du GIEC dessinent devant nous, le choix semble se limiter à la panique ou au déni... Pourtant, il est possible de trouver dans l’action militante un refuge salutaire et de dépasser cette paralysie qui nous laisse spectateurEs d’un désastre annoncé. Faire de cette peur individuelle un sujet politique et de société, trouver de la joie et de l’encouragement dans l’action collective, se sentir entouréE de militantEs animéEs des mêmes motivations et des mêmes envies, être au cœur d’actions concrètes, s’épanouir dans la lutte... Au travers des différents témoignages de ce livre, on entrevoit comment l’engagement peut être une manière de surmonter l’angoisse, et même d’en faire parfois un moteur puissant.
Politiser l’éco-anxiété, au-delà d’une analyse pertinente de la situation actuelle dans le domaine de l’écologie, fera écho à bon nombre d’entre nous, tant les interrogations, les doutes, les conflits peuvent être similaires dans la plupart des milieux militants. Une lecture qui permet une vraie remise en question de ses propres pratiques, et ça ne fait jamais de mal...
Cyrielle L.A.