Film sud-coréen, 2 h 12, sorti le 5 juin 2019, en DVD le 3 décembre.
La Palme d’or a récompensé bien des films qui n’étaient pas des chefs-d’œuvre. Nombre de très grands films sont revenus de Cannes sans distinction. Mais en attribuant à l’unanimité la palme au Sud-Coréen Bong Joon-Ho pour Parasite, le jury a visé juste. Sorti début juin dans les salles, le film fait un tabac. Les cinés prolongent sa programmation en VO, mais aussi en VF.
Le cinéma comme on l’aime, accessible à tout le monde et, un peu à la manière du meilleur de Clint Eastwood, de Un monde parfait à Million dollars baby, qui nous étonne par la richesse de ce qu’il offre à l’imaginaire et à la réflexion des spectateurEs. Un cinéma qu’on pourrait dire « réaliste » et où ça ne lambine pas : en effet, pas le temps de traîner, bien qu’au chômage, ou justement, parce qu’on est dos au mur, il faut des combines, une vitalité, une ingéniosité de tout instant pour faire bouillir la marmite chez la famille Kim, dans ce Séoul d’en bas.
De la comédie au thriller, tambour battant
C’est avec un humour absolument irrésistible, d’une fondamentale tendresse, façon Kitano auquel Kim père ressemble d’ailleurs, froid, détaché et qui explose en fou rire, que Bong Joon-ho entraîne toute cette famille, l’unE après l’autre, et nous avec, dans la vie et la luxueuse villa de la famille Park. Famille Kim au service de la famille Park. Et là, c’est tout le génie de l’artiste, nous basculons dans une autre dimension : dans le Séoul d’en haut, un underground…
Drame absolu dans une société divisée en classes
Personne ne vit dans un mode de production. Les destins réels sont toujours insérés dans des sociétés : la « société » fera tout pour que ça tienne ensemble, que les dominants dominent, que les rapports réels soient masqués, que ça dure, jour après jour, année après année... D’ailleurs ce que M. Park apprécie le plus chez ses employéEs, c’est de « ne jamais dépasser les limites ». Mais voilà, M. Kim cultive une certaine ambiguïté sur cette question… Tout ça finira peut-être mal...
Fernand Beckrich