Publié le Mercredi 9 décembre 2015 à 15h51.

La catastrophe est en marche

Par le Bureau de la IVe Internationale, publié par inprecor.fr . 

Le climat de la Terre change vite. Beaucoup plus vite que ce que les experts pensaient.

La cause de ce changement ne fait aucun doute : c’est le réchauffement de l’atmosphère provoqué par les émissions de gaz à effet de serre, principalement le CO2 provenant de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz naturel.

La Terre s’est réchauffée de 0,8 °C depuis deux siècles. Cela suffira à faire monter le niveau des océans de près de deux mètres dans les siècles qui viennent. Personne ne pourra l’empêcher. Des centaines de millions de gens seront contraints de déménager, des millions d’hectares agricoles seront perdus, des zones urbaines devront être évacuées. Les peuples du Sud seront les plus touchés alors qu’ils sont les moins responsables.

Les gouvernements ont ignoré les avertissements. Vingt-trois ans après le Sommet de Rio, les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre augmentent deux fois plus vite que dans la décennie 1990. Malgré la crise économique ! 

À ce rythme, le réchauffement à la fin du siècle ne serait pas de 2 °C mais de 6 °C. Il en découlerait des catastrophes terribles, totalement inimaginables. 

COP21 : Poudre aux yeux des populations, cadeaux aux patrons

L’urgence est maximum parce que les mesures à prendre sont repoussées depuis des décennies. Les pays « développés » doivent commencer tout de suite à réduire les émissions d’au moins 10 % par an et les éliminer complètement d’ici 2050. Les grands pays émergents doivent suivre rapidement. Les autres pays ont encore une marge, mais elle se réduit à vive allure. Si rien ne change, la quantité de pétrole, de charbon et de gaz naturel que l’on peut encore brûler sans dépasser 2 °C de réchauffement sera épuisée en 2030. 

La 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21) aura lieu à Paris en décembre 2015. Les responsables politiques tentent de nous endormir en disant que, cette fois, ils concluront un accord « ambitieux ». 

Ils concluront peut-être un accord, oui, pour sauver la face. Mais ce qui est certain, c’est que cet accord sera totalement insuffisant du point de vue écologique et très injuste du point de vue social. Son contenu est déjà déterminé à l’avance par les engagements des grands pollueurs : États-Unis, Union européenne, Chine, Japon, Australie, Canada. Sur cette base, le réchauffement de la Terre sera au moins de 3,6 à 4 °C d’ici la fin du siècle. 

Tous ces engagements ont été négociés avec les lobbies industriels et financiers. Ils sont taillés sur mesure pour leurs intérêts. Les multinationales se frottent les mains à la perspective des nouveaux marchés qui leur sont offerts : nouveaux marchés du carbone, des technologies « vertes », de la compensation forestière, de la capture-séquestration, de l’adaptation aux effets du réchauffement, etc. 

Mais un réchauffement de 4 °C, cela signifie une hausse du niveau des mers de 10 mètres à long terme. Sans compter les impacts plus immédiats : déclin accéléré de la biodiversité ; plus de tempêtes, de cyclones, de sécheresses, d’inondations, de canicules ; diminution de la productivité agricole, etc.

Sauver le capitalisme ou le climat ?

La vérité est établie depuis des décennies. Le GIEC est un organisme intergouvernemental, les résumés de ses rapports engagent les États. Les solutions techniques existent, les moyens financiers aussi. Alors, pourquoi les gouvernements ne prennent-ils pas les mesures nécessaires ? Pourquoi préconisent-ils des « solutions » fausses ou dangereuses telles que le gaz de schiste, les agrocarburants, le nucléaire, la géoingénierie, etc ? 

La réponse est simple : parce que les gouvernements sont au service des multinationales et des banques qui se livrent une guerre de concurrence pour le profit maximum, que cette guerre pousse les entreprises à produire toujours plus (donc à consommer plus de ressources), et que l’énergie est fournie à plus de 80 % par le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

Pour sauver le climat : 

1) 4/5 des réserves connues de combustibles fossiles doivent rester sous terre ;

2) le système énergétique basé sur ces sources fossiles (et sur le nucléaire) doit être détruit au plus vite, avant amortissement ;

3) les productions inutiles, nuisibles ou à obsolescence programmée doivent être abandonnées, afin de réduire la consommation d’énergie et d’autres ressources ;

4) le système despotique productiviste, consumériste et inégalitaire doit être remplacé par un système renouvelable, économe, décentralisé, social et démocratique.

Il est possible d’arrêter la catastrophe climatique tout en garantissant une vie digne à toutes et tous . À une condition : prendre des mesures anticapitalistes. Les gouvernements préfèrent détruire la planète, mettre en danger la vie des centaines de millions de pauvres, de travailleurs, de paysans, de femmes et de jeunes qui sont déjà victimes des changements climatiques, et menacer l’humanité d’un chaos barbare où les marchands d’armes feront beaucoup de profit. 

Le capital considère la nature et le travail comme sa propriété. Il n’y a pas à choisir entre urgence climatique et justice sociale, c’est un seul et même combat. Mobilisons-nous. Au-delà de la COP21, affirmons nos droits, développons nos luttes, construisons nos convergences, construisons un mouvement de masse planétaire. 

Tous à l'action, en commun sur tous les fronts 

Les multinationales des fossiles ont besoin d’étendre leur emprise. Bloquons-les. Mobilisons-nous contre les projets d’infrastructures à leur service : les nouveaux aéroports, les nouveaux pipelines, les nouvelles autoroutes, la nouvelle folie du gaz de schiste. Dénonçons les avantages, fiscaux et autres, offerts aux compagnies du transport maritime, aérien et routier. 

Les puissances « développées » principales responsables du réchauffement refoulent partout les réfugiés poussés par les crises que leur politique de domination provoque et que le réchauffement aggrave. Refusons les murs et les camps de l’Europe forteresse, exigeons le respect du droit d’asile. 

 

L’agrobusiness et l’industrie du bois sont responsables de 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Mobilisons-nous contre les OGM, pour un soutien à l’agriculture paysanne organique et de proximité, pour la souveraineté alimentaire. Construisons des réseaux, des associations de producteurs-consommateurs. Soutenons les droits des peuples indigènes sur leurs ressources et les luttes des femmes qui produisent 80 % de la nourriture dans les pays du Sud.

 

Nous sommes témoins d'une catastrophe de biodiversité. La sixième extinction comme on le dit : la plus grande extinction des espèces depuis la disparition des dinosaures. Entre 40 % et 50 % de toutes les espèces sur la planète pourraient avoir disparu an 2050. Un quart de toutes les espèces mammifères sont actuellement en danger d'extinction contre un taux (naturel) d'extinction de juste un tous les 700 ans. Organisons-nous pour protéger la biodiversité.

Le droit de toutes et tous à un logement de qualité, à l’eau, à la mobilité, au chauffage et à la lumière, c’est bon pour le climat et pour l’emploi. Mobilisons-nous pour la gestion publique de l’eau, pour des entreprises publiques d’isolation-rénovation des bâtiments, pour des sociétés publiques de transports en commun. Dans tous ces domaines, imposons la gratuité pour la consommation de base et le contrôle de la gestion par les travailleur.e.s, les habitant.e.s et les usager.e.s. 

La folie productiviste et consumériste dans l’ameublement, les textiles, l’électronique, l’emballage… contribue beaucoup au réchauffement. Refusons les produits jetables, non réparables, non recyclables, à obsolescence programmée. Organisons-nous pour soutenir les travailleur.e.s de ces secteurs, notamment dans les pays à bas salaire. 

Le monde du travail n’a pas à faire les frais de la transition. Travailleur.e.s occupés dans des industries inutiles, nuisibles, polluantes, mobilisons-nous pour la reconversion collective sans perte de salaire, dans des fonctions socialement utiles et écologiquement responsables. 

Le droit au temps libre, c’est bon pour le climat, pour la santé et pour l’emploi. Mobilisons-nous pour travailler moins, moins vite, moins flexible et pour travailler toutes et tous, par la réduction du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des rythmes de travail.

Les multinationales fossiles et les banques bloquent la transition. Exigeons le désinvestissement de ces secteurs. Chassons le privé de l’énergie et de la finance, sans indemnités ni rachat. C’est la condition indispensable pour que la collectivité ait les moyens d’organiser la transition rapidement et rationnellement. L’énergie est un don de la nature, elle ne doit appartenir à personne. Mobilisons-nous pour un service public de l’énergie, décentralisé, sous le contrôle des travailleur.e.s et usager.e.s. 

Écoscialisme ou barbarie

La crise climatique donne une actualité brûlante à l'alternative « socialisme ou barbarie ». Une véritable révolution est nécessaire. Il faut tout changer ! Non seulement répartir de façon égalitaire le fruit de notre travail, mais aussi décider ce que nous produisons et comment nous le produisons – débarrassés du matraquage publicitaire et du gaspillage – mais aussi remettre en question les rôles que le capitalisme patriarcal donne aux hommes et aux femmes. 

Bref, il s’agit d’un changement de civilisation, de transition vers une nouvelle société, écosocialiste, écoféministe, fondée sur la solidarité et le respect de l’environnement. Une société où les grandes décisions d’aménagement, les priorités de la production et de la consommation ne seront plus prises par une poignée d’exploiteurs, de bureaucrates ou de pseudo-experts, guidés par le profit. Ce changement ne viendra pas des élections, mais de nos luttes. Tous ensemble, nous pouvons l’imposer, si nous le voulons !