Publié le Vendredi 29 septembre 2017 à 10h21.

EPR : En marche… vers l’accident nucléaire

Le 28 juin, l’Autorité de sûreté nuclaire (ASN) donnait son feu vert de principe pour une mise en service de l’EPR de Flamanville en 2018, conditionné au remplacement du couvercle de la cuve défectueuse en 2024. 

Cette décision scandaleuse et extrêmement grave ouvre la voie à l’accident nucléaire. Les réacteurs nucléaires ont été conçus en postulant « l’exclusion de rupture » des équipements au contact avec les produits radioactifs (leur rupture n’est pas envisagée), en premier lieu la cuve (énorme pièce en acier de 425 tonnes, 7 mètres de diamètre et 11 mètres de haut), qui abrite le cœur du réacteur. 

Risque de rupture de la cuve

Ce principe repose sur des marges de calcul et surtout sur la qualité de fabrication et la fiabilité des contrôles. La cuve, fabriquée à l’usine Areva du Creusot, a été installée dans le réacteur en janvier 2014. Or EDF et Areva avaient identifié des problèmes de fabrication entre 2007 et 2013. EDF n’a informé officiellement l’ASN que fin 2014, après l’installation de la cuve. L’ASN a laissé faire, alors qu’elle avait déjà, dès 2005, alerté EDF et Areva sur les anomalies constatées à la forge du Creusot : mauvaise qualité de fabrication et falsifications de dossiers. Résultat : la cuve concentre aux extrémités de la calotte du fond et du couvercle des impuretés de carbone qui affaiblissent sa résistance. Sachant que le rayonnement de la réaction nucléaire fragilise de plus en plus l’acier, il y a un risque de rupture de la cuve en fonctionnement, et pire encore en cas d’accident majeur.

Dérogation inacceptable

L’ASN valide donc une cuve qui ne respecte pas les normes qu’elle est censée faire appliquer. Le délai de sept ans accordé par l’ASN pour remplacer le couvercle est guidé non pas par des considérations techniques et de sécurité, mais par des enjeux économiques : c’est le temps nécessaire pour livrer un nouveau couvercle. Quant à la cuve, pourtant elle aussi défectueuse, elle restera en place. L’ASN préfère protéger AREVA et EDF, des « conséquences […] disproportionnées […] sur le modèle de réacteur EPR et sur la filière nucléaire »1. Cette position scandalise beaucoup de travailleurEs d’Areva, d’EDF et bien sûr de l’IRSN et de l’ASN, qui sont constamment mis sous pression au nom de la « culture de sûreté ». Deux des experts en charge du dossier se sont même opposés publiquement à l’avis de l’ASN : « La dérogation qu’implique de fait l’avis de l’ASN n’est pas acceptable, ni dans son principe ni dans le cas de la cuve de l’EPR, ce qui nous conduit à demander le retrait de cet avis. La mise en service de la cuve de l’EPR […] en l’état, ne doit pas être autorisée. » 2

L’ASN a reporté son avis définitif à fin 2017. Entre temps, EDF s’active pour faire repousser le remplacement du couvercle à 2031, autant dire jamais ! Au bout du compte, il n’est pas certain du tout que ce jeu de poker menteur pour sauver l’EPR et la filière nucléaire ne produise pas l’effet inverse du but recherché en générant chaque jour davantage de contestation. 

Pour manifester notre opposition à la folie EPR, rendez-vous donc le 30 septembre à Saint-Lô, 14 h 30 place de la mairie ! 

Commission nationale écologie 

 

  • 1. Rapport ASN CODEP-DEP-2017-19368.
  • 2. Avis minoritaire dans Rapport du GPE ESPN (26-27 juin 2017).