Publié le Jeudi 12 octobre 2017 à 14h34.

EuropaCity : Des légumes, pas du bitume !

EuropaCity, le monstrueux centre commercial prévu au nord de Paris, aurait-il du plomb dans les caisses enregistreuses ? Critiques et inquiétudes se multiplient, au-delà des ennemis du bétonnage…

Entre les aéroports de Roissy et du Bourget, sur les dernières terres céréalières proches de Paris, la famille Mulliez (Auchan, etc.) prévoit de construire en 2024 (ah quelle belle année !) un centre commercial de 230 000 m² pour 3,1 milliards d’euros. 

Folie des grandeurs

Au moins le double des plus grandes zones actuelles, plus que la superficie cumulée des trois zones commerciales dans un rayon de 5 km… alors qu’aux USA, toujours en avance sur nous, ces zones se vident à cause de la concurrence d’internet, parce que ce gigantisme a fini par lasser, et bien sûr en raison des effets de la crise économique et du chômage sur les possibilités de consommation de la population. Qu’importe, on continue à vider les centres-villes en créant encore de nouvelles zones commerciales en bordure des villes, sur les terres agricoles, où on ne peut aller qu’en voiture… Il existe déjà 2 000 hypermarchés construits sur 8 millions d’hectares de terres agricoles et, chaque année, on autorise près de 2 millions de m² de nouvelles surfaces commerciales.

Pour attirer le client, EuropaCity ajoute aux commerces des espaces culturels et sportifs (dont une piste de ski !) et annonce que ce sera « un quartier de ville avec des rues ». Une ville… sans habitants ! Comme le CenterParc voisin baptisé « Village Nature » : la nature… artificielle.

Le maire PS de Gonesse, qui méprise les opposants agriculteurs (« il suffit de leur donner le bon chèque ») a fait voter le projet contre l’avis de l’enquête publique, qui évoque les « impacts environnementaux négatifs à très négatifs qui vont à l’inverse (…) de lutte contre la disparition des terres agricoles et de lutte contre le réchauffement climatique », et qui estime que les chiffres de 1 000 emplois locaux et 30 millions de visiteurs (deux fois plus que le voisin Disney) sont surévalués. Ajoutons qu’il s’agit d’emplois au rabais, temps partiels, dimanches, etc.

Contre-projet

Challenges, suivi par d’autres « experts économiques », pointe « 5 bugs » : administratif, commercial, politique, financier et écologique. Auchan est en perte de vitesse et son partenaire chinois Wanda est menacé par les autorités de Pékin qui commencent à refuser les investissements à l’étranger jugés « irrationnels ».

Hulot a déclaré cet été qu’il fallait cesser « d’avoir la folie des grandeurs sur un certain nombre de projets commerciaux » (pourquoi pas sur tous ?) et « d’artificialiser les sols ». Le  PDG de Grand Paris Aménagement exprime aussi des doutes : « Nous ne devons pas créer les obsolescences de demain ». Ce n’est pas ça qui arrête le maire voisin d’Aulnay, qui veut son centre commercial sur les terrains de Peugeot (à deux pas de Paris Nord 2). 

Les opposants ont un contre-projet pour Gonesse : CARMA (Coopération pour une ambition rurale métropolitaine d’avenir) propose de concilier la sauvegarde des terres et la création d’emplois locaux dans la production, la transformation et la distribution des produits agricoles, ainsi que dans le domaine des énergies renouvelables. 

Dimanche 8 octobre, ils ont transporté les légumes de Gonesse jusqu’à Paris, place de la République, pour en faire une grande soupe. Plusieurs centaines de personnes sont venues manifester, s’informer et informer sur les actions du collectif et de groupes locaux dans la région.

Commission nationale écologie 

CARMA