Publié le Jeudi 9 janvier 2014 à 07h21.

SNCM et Goodyear : contre tous les pactes de responsabilité

Au moment où Hollande et le gouvernement de « gauche » s’apprêtent à imposer un nouveau paquet cadeau au patronat, les salariéEs de plusieurs entreprises mettent en évidence l’escroquerie que cache mal le gagnant (pour les patrons) – perdant (pour les salariéEs) camouflé sous le dialogue social.

Le vandale c’est TaylorIl y a d’abord le dialogue social à la Taylor, patron de Titan et repreneur potentiel de Good­year, qui après avoir traité les militants CGT de « timbrés » et affirmé qu’à Amiens les « soi-disant ouvriers » ont « une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures », récidive en traitant de « maboules » et de « pirates » les salariéEs qui se battent jusqu’au bout contre la liquidation de leur travail, leur seul moyen de vivre. Un patron qui, allant de plans de reprise bidon en décisions de fermeture, respecte aussi peu le droit du travail que les milliers de salariéEs qu’il a sauvagement exploités pendant des années. En arrière-plan, il y a l’assourdissant silence du ministre Montebourg tout juste bon à encourager les salariéEs à négocier autour d’un prétendu plan de sauvegarde de l’emploi qui n’est en fait qu’un plan de liquidation du site. Avec le souvenir du candidat Hollande qui, en octobre 2012, promettait une loi pour protéger les salariéEs des entreprises qui faisaient des bénéfices tout en licenciant. Et pourtant Goodyear annonçait encore au troisième trimestre un bénéfice net en hausse de 51 %, à 166 millions de dollars.

Un service à rendre publicL’autre version, c’est le dialogue social à la sauce SNCM. Entreprise de service public employant 2 600 salariéEs, SNCM était depuis 1976 une entreprise publique, jusqu’à sa privatisation en 2006 par la vente à Veolia et la participation du groupe d’investissement Butler (celui qui a liquidé Virgin…). L’État met alors 120 millions d’euros pour « aider » à la poursuite de l’activité avec 400 suppressions de postes. Mais pour Veolia, l’affaire n’est pas assez juteuse et le groupe négocie avec l’État un plan de sauvegarde de l’activité. Un accord entre les syndicats et la direction prévoyait la suppression de 600 emplois (sans départs contraints), 70 millions d’économies et la promesse d’investissement sous la forme d’achat de quatre bateaux. Mais Veolia a décidé que cela n’était pas suffisant et menace de mettre la SNCM en liquidation. Ayrault promet alors 30 millions d’aide supplémentaire tout en annonçant la contestation des exigences de la Communauté européenne (400 millions d’euros de remboursement d’aide de l’État).Pour l’intersyndicale de la SNCM, hors syndicat des travailleurs corses (STC), il s’agit d’un enfumage et d’une déclaration de guerre qui justifie l’appel à la grève depuis le début de l’année. Largement majoritaire, elle bloque à la fois les échanges Corse-continent, mais aussi par contrecoup une partie de l’activité économique en Corse entraînant l’arrêt de travail des transporteurs corses. De nouvelles « concertations » pourraient bien déboucher sur la liquidation de l’entreprise.

Une nouvelle année de luttesAinsi, avec la nouvelle année, pas de surprise : c’est bien la casse sociale qui continue avec l’accompagnement du gouvernement. Les désastres sociaux Goodyear et SNCM sont à la fois le résultat de la politique d’austérité assumée par le gouvernement et de la liberté laissée et même encouragée pour les patrons de décider de la vie et de la mort des entreprises au détriment des moyens de vivre des salariéEs. Réquisition et interdiction des licenciements sont les seuls moyens pour les empêcher de nuire. Évidemment pas de dialogue social, pas de pacte de responsabilité pour cela, mais la lutte décidée des salariéEs, comme en Bretagne, comme les Goodyear ou les marins de la SNCM.

Robert Pelletier