Publié le Samedi 5 octobre 2013 à 19h23.

Bangladesh : rien n’a changé

Au Bangladesh, les conditions de travail dans les usines textiles ne sont pas acceptables. Les conditions de sécurité non plus. L’effondrement du Rana Plaza en avril dernier n’était pas le premier accident industriel, puisque déjà plusieurs incendies avaient entraîné des mortEs et des blesséEs. Suite à un accord international, les compagnies occidentales devaient contribuer à payer pour des améliorations de la sécurité dans les usines du Bangladesh. Un rapport du comité d’inspection sur la sécurité suggérait aussi d’intégrer 10 % du profit annuel des usines pour établir des droits du travail.Lors des manifestations massives de septembre pour des augmentations de salaires, le gouvernement a envoyé les troupes paramilitaires, la police a réprimé par des gaz et des tirs de balles en caoutchouc. C’était déjà le cas en 2010 lorsque les ouvriers du textile avaient manifesté pour de meilleurs salaires, la police anti-émeute était violemment intervenue.À l’époque, les salaires n’arrivaient plus à couvrir les besoins vitaux des familles, en raison de la hausse des prix des biens de consommation. Là aussi rien n’a changé, puisque l’augmentation du coût de la vie a rapidement mangé les augmentations lâchées cet été par les patrons du textile. Les travailleurs réclament 100 dollars par mois au minimum.Le ministre du Travail bangladais vient de demander aux patrons de payer tous les salaires et les primes en suspens. Reste à voir si cela sera fait. En effet, suite à une modification du Code du travail, les patrons ont la possibilité de renvoyer les travailleurs impliqués dans « des violences » sans leur verser d’indemnité. Quant au gouvernement, il continue de stigmatiser « les gens qui veulent déstabiliser le pays et l’ordre social ».Les salaires sont bas et ne représentent qu’un faible pourcentage du prix d’un tee-shirt. Leur augmentation se répercuterait donc de façon très minime. Le textile représente 80 % des exportations du Bangladesh. Les industriels locaux mettent en avant la concurrence entre les pays d’Asie et les multinationales distributeurs du textile qui ne veulent pas revenir sur la composition du prix et leurs gains. La « loi du marché » s’impose.

Christine Schneider