Publié le Jeudi 6 novembre 2014 à 08h00.

Burkina Faso : solidarité avec la révolte populaire

« Blaise dégage ! » Le soulèvement du peuple et de la jeunesse du Burkina Faso aura eu raison du dictateur Blaise Compaoré qui prétendait transformer la Constitution pour briguer un cinquième mandat et perpétuer sa dictature après 27 ans de règne. Déjà en 2011, le pays avait connu une révolte réprimée violemment.

Blaise Compaoré était venu au pouvoir en 1987 par le meurtre de Thomas Sankara et d’autres dirigeants qui avaient été ses compagnons au sein du Mouvement des jeunes officiers radicaux qui voulaient libérer leur pays de l’emprise de la vieille puissance coloniale, la France. Il se fait alors l’homme de main de celle-ci et engage une politique de privatisation orchestrée par le Fonds monétaire international (FMI) dans une pays qui, héritage de la domination coloniale française, est l’un des plus pauvres du monde, où 70 % de la population est analphabète. Lié avec les régimes les plus réactionnaires et sanguinaires – Angola, Sierra Leone, Liberia – participant au trafic de diamants et d’armes, Compaoré devient un des piliers de la politique de la France dans cette région de l’Afrique.

Compaoré a trouvé refuge en Côte d’Ivoire chez son ami Ouattara. L’armée a pris en main le pouvoir dans l’objectif d’un « retour à l’ordre constitutionnel […] dans un délai de douze mois ». Le chef d’état-major Nabéré Honoré Traoré, homme de main depuis le coup d’État de 1987 du président déchu, qui s’était autoproclamé, a dû céder la place au lieutenant-colonel Isaac Zida, lui-même contesté. « La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée », déclarent les partis de l’opposition et les associations qui appelaient à manifester dimanche dernier.

À l’heure où la France déploie son armée au Mali, la chute de Compaoré inquiète le gouvernement comme la Maison Blanche. « Ce que nous souhaitons, nous les Français, c’est que nos ressortissants soient protégés et que l’on aille vers l’apaisement » a déclaré Fabius. En un mot que l’armée maintienne l’ordre contre le peuple pour que se perpétue le pillage des richesses du pays par la Françafrique et ses alliés. La révolte n’a pas dit son dernier mot.