La tension à Bangkok est à son paroxysme. Les « chemises rouges », (la plupart des ouvriers et des paysans issus du nord et de l’est du pays mais aussi maintenant des employés de Bangkok et des classes moyennes inférieures qui revendiquent la justice sociale et la démocratie) ont fait des concessions en acceptant, non plus une dissolution de l’assemblée immédiate mais dans 30 jours avec élections dans les 60 jours qui suivent. Les négociations avec le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva avaient commencées sur cette base mais
ont été rompues, vraisemblablement sous la pression des éléments les plus conservateurs du gouvernement. Elles ne vont probablement pas reprendre. L’utilisation d’armes de guerre – des lances grenades M79 – au cours des violences du 22 avril qui ont fait un mort, montrent qu’il y a une division très profonde au s
ein des forces armées entre d’une part la majorité de la police et une partie de l’armée et d’autre part le reste de l’armée. Le blocage du quartier de luxe de Rajaprasong entre maintenant dans sa septième semaine mais il est très difficile de savoir comment la situation va évoluer : le gouvernement va-t-il céder aux pressions des chemises rouges ou organiser une nouvelle répression au risque de faire un bain de sang ? Lutte de classe entre les laissez pour compte et l’establishment et lutte au sein même des classes dirigeantes divisées sur les réponses à apporter: la situation est on ne peut plus instable et imprévisible.
Danièle Sabaï