Publié le Mardi 21 octobre 2025 à 10h18.

Des millions de personnes manifestent contre Trump, pour la démocratie et la justice sociale

Des millions de personnes, dans 2 600 villes des 50 États américains, ont participé à la deuxième vague de manifestations « No Kings » contre le gouvernement de plus en plus autoritaire et inhumain du président Donald Trump. 

J’étais l’un d’eux, marchant dans un cortège syndical à New York. Les organisateur·ices ont affirmé qu’au moins sept millions d’entre nous ont défilé et se sont rassemblé·es, ce qui en ferait la plus grande journée de manifestations de l’histoire des États-Unis.

Contre quoi protestions-nous ?

D’après les pancartes, les slogans et les commentaires des manifestantEs, les gens sont en colère contre les raids cruels et violents de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement, la police de l’immigration et des frontières), contre l’envoi par Trump de la Garde nationale et d’unités militaires dans plusieurs villes, contre le licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux, contre les attaques visant les programmes de santé, d’éducation et de logement, contre la suppression de la liberté d’expression et de la liberté académique, et contre le racisme des politiques telles que les modifications apportées par Trump au programme d’accueil des réfugiéEs afin de favoriser les Blanc·hes.

Une mobilisation massive

No Kings est organisé par une coalition de 200 groupes, dont les plus importants sont des courants du Parti démocrate comme Indivisible et MoveOn, des ONG comme Public Citizen et l’American Civil Liberties Union, ainsi que le réseau militant 50501. Ce dernier a déclenché le vaste mouvement de résistance en appelant, il y a plusieurs mois, à 50 manifestations dans 50 États en une seule journée.

Trump, le vice-président J.D. Vance et d’autres républicains ont affirmé, de manière absurde, que les rassemblements et les marches étaient remplis de manifestantEs payéEs par George Soros, le milliardaire juif, philanthrope libéral et démocrate. Ils ont suggéré que les manifestations étaient organisées par « antifa », un surnom donné au vaste mouvement antifasciste, qu’ils qualifient d’organisation terroriste violente – bien qu’il n’existe aucune organisation de ce type.

Interrogée sur les manifestations, la porte-parole de Trump a déclaré : « Qui s’en soucie ? Le reste de l’Amérique regardera le football universitaire. » Mais le président n’a pas pu les ignorer et a publié une vidéo générée par intelligence artificielle le montrant en pilote de chasse coiffé d’une couronne, survolant les manifestations et déversant des excréments sur les manifestantEs – démontrant ainsi le mépris qu’il éprouve pour le peuple américain.

Un mouvement populaire et festif

Les gens portaient des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas de rois, pas de tyrans ». Partout, les manifestantEs scandaient « Pas de haine, pas de peur, les immigrantEs sont les bienvenu·es ici ». Les manifestations étaient pacifiques partout et, même si les manifestantEs étaient en colère, les rassemblements avaient souvent un caractère festif, célébrant le fait d’être ensemble dans la résistance et de lutter pour des valeurs progressistes.

Si les manifestations étaient sérieuses, certainEs ont également veillé à ce qu’elles soient joyeuses. Des participantEs, imitant les récentes manifestations de Portland, dans l’Oregon, se sont déguiséEs en animaux géants, comme ceux que l’on voit dans les fêtes d’enfants, pour montrer à quel point il était ridicule de prétendre qu’il s’agissait de manifestations violentes de terroristes.

Reprendre les symboles de la démocratie

Pendant des décennies, la gauche a rejeté le drapeau américain, le considérant comme un symbole du racisme national et des guerres menées par les États-Unis contre le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan. Mais aujourd’hui, de nombreux·ses manifestantEs brandissent le drapeau, revendiquant l’Amérique pour la démocratie et la justice sociale.

Un manifestant portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Make America America Again » (Rendre à l’Amérique son identité américaine), accompagnée d’une liste de ce qu’il considérait comme les valeurs américaines : la liberté d’expression, la science, la liberté de la presse, l’État de droit, la démocratie, le pro-choice (le droit des femmes à choisir l’avortement), la procédure régulière et la diversité.

Pour aller plus loin

No Kings a été un succès, mais nous avons besoin d’un mouvement plus militant, avec des grèves et des manifestations perturbatrices, qui puissent vraiment contester les attaques agressives de Trump contre nos droits et notre bien-être.

Dan La Botz, membre de DSA (Democratic Socialists of America) 
Traduit par Henri Wilno