Lundi 17 juin, en pleine audience au tribunal, l’ancien président égyptien Mohammed Morsi, emprisonné depuis l’été 2013, s’effondre. Quelques heures plus tard, la télévision égyptienne annonce la mort de celui qui restera comme le premier chef d’État égyptien élu au cours d’un scrutin démocratique.
Après son élection en juin 2012, au bénéfice de la vague révolutionnaire et de l’hostilité au candidat du régime, Ahmed Chafik, Morsi avait pris un ensemble de mesures confirmant que les Frères musulmans n’entendaient pas défendre les intérêts du peuple mais accaparer le pouvoir tout en espérant incarner, aux yeux des occidentaux, la stabilité et la défense des intérêts du capital international : répression des mobilisations, politiques conformes aux exigences du FMI, etc.
Ce qui conduira le peuple égyptien à se soulever de nouveau, exigeant le départ de Morsi, avec la journée historique de mobilisation du 30 juin 2013, sur laquelle l’armée, à défaut d’alternative politique, saura s’appuyer pour reprendre le contrôle des institutions politiques égyptiennes. Au prix d’un sanglante répression, avec notamment le massacre du 14 août contre les militantEs des Frères musulmans (810 morts selon Human Rights Watch) et l’arrestation de dizaines de milliers de personnes, dont Morsi, accusées notamment de « terrorisme ».
Depuis son incarcération, la santé de Morsi s’était considérablement dégradée, du fait de l’absence de soins adéquats pour son diabète et son hypertension. Pour Human Rights Watch, sa mort était « prévisible ». Mohammed Morsi n’était pas l’allié des travailleurEs et des jeunes d’Égypte, et sa politique était même contre-révolutionnaire. Il n’en demeure pas moins que sa mort est symptomatique des graves violations des droits humains et des libertés qui ont cours dans l’Égypte du dictateur Sissi, « partenaire stratégique et commercial » de la France.
J.S.