Publié le Dimanche 12 décembre 2010 à 19h40.

La justice coloniale contre la secrétaire générale de la CGT Martinique.

Les « grands » titres étaient absents lors cette conférence de presse convoquée lundi 6 décembre à Paris pour le soutien à Ghislaine Joachim-Arnaud, secrétaire générale de la CGT de Martinique, assignée devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France, le 15 décembre, pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard des békés ! Mais beaucoup d’émotion, de fraternité et de colère avec les témoignages de soutien apportés par le LKP, Combat ouvrier, la confédération CGT, Solidaires, la Fédération Santé CGT, le PCF, le NPA, Lutte ouvrière. Ghislaine est assignée pour avoir repris, lors d’une émission de télévision, le 16 septembre 2009, le refrain chanté par des milliers de manifestants lors des mobilisations de février-mars 2009 : « Matinik sé ta nou, Matinik sé pa ta yo, An ban beké, profité, volé, Nou ké fouté you dewo, komba ta la fok nou continié ». Ghislaine, militante de Combat ouvrier (organisation liée à Lutte ouvrière), a bien expliqué que les « békés » ce n’était, pour les travailleurs des Antilles, pas seulement les blancs mais tous les exploiteurs, les gros propriétaires, les descendants des planteurs esclavagistes des siècles passés. Et que donc, quand des milliers de travailleurs crient « nous allons les foutre dehors », il s’agit bien de mettre fin à l’exploitation capitaliste assise sur le colonialisme. C’est bien un monde inversé où les racistes notoires sont ceux qui ont bâti leur richesse sur l’exploitation des esclaves, se sont enrichis grâce à l’exploitation des travailleurs maigrement payés dans les champs de canne et de bananes. La même minorité (comme ce Jean-François Hayot qui a porté plainte contre Ghislaine) de descendants d’esclavagistes qui possèdent la majorité du secteur import-export, de la grande et moyenne distribution et contrôle l’essentiel de l’économie des Antilles. Comme l’a dit une des avocates du collectif qui assure la défense de Ghislaine, le dossier est juridiquement vide. Il s’agit d’un procès politique. Il s’agit pour les békés, leurs représentants et l’État français de faire payer aux travailleurs la mobilisation de 2009. Il s’agit d’une tentative d’intimidation à laquelle les travailleurs de Martinique riposteront avec notre soutien. La criminalisation du mouvement social n’a pas de frontières. Notre solidarité non plus. Pétition en ligne pour le soutien à Ghislaine : http://8814.lapetition.be/