« L’Otan ne cherche pas la confrontation mais fera tout ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité de ses membres », déclarait le 2 juillet à Bucarest le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse avec le président roumain Klaus Iohannis...
«Le monde est en train de changer, nous voyons une Russie plus affirmée, qui essaie d’intimider ses voisins et de changer les frontières pas la force », avance-t-il pour justifier le déploiement de l’Otan à l’Est, un déploiement qui n’est pas que diplomatique mais militaire. L’après-midi, il inaugurait donc un centre de commandement et de contrôle de l’Otan, le premier des six QG de ce type prévus en Europe de l’Est. « Ce centre ne sera pas une base militaire mais un petit quartier général »... Une pure hypocrisie puisque dans le même temps l’armement suit.
En février dernier, l’Otan avait décidé de renforcer sa défense à l’Est en créant une nouvelle force de 5 000 hommes rapidement mobilisable, force baptisée « fer de lance », et six centres de commandement et de contrôle en Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie.
De plus, le mois dernier, les États-Unis ont annoncé le déploiement de matériel militaire lourd, dont des chars, dans les pays baltes ainsi qu’en Bulgarie, en Roumanie et en Pologne.
Surenchères militaristes
Le nouveau secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a promis, lors d’une visite en Allemagne que les États-Unis fourniraient des armes, des avions de transport, des soldats, des moyens logistiques et des capacités de renseignement et de surveillance. « Les États-Unis sont profondément engagés dans la défense de l’Europe et le sont depuis des décennies »... Effectivement, c’est même cette politique militariste qui est une des causes de la crise ukrainienne, crise qui à son tour devient l’occasion de renforcer cette politique.
Kiev annonce que pourraient être installés en Ukraine des missiles intercepteurs des États-Unis et de l’Otan, analogues à ceux qui sont en cours d’installation en Pologne et en Roumanie. Les propos de Porotchenko sont plus directs que ceux de ses mentors : « Certains pays européens nous livrent des armes. Nous avons une coopération efficace avec d’autres pays comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni, qui ne nous livrent pas d’armes létales mais participent à la formation de nos militaires. Tout cela est satisfaisant, mais nous serions heureux que cette coopération s’intensifie. »
En retour, Poutine a annoncé le renforcement de son arsenal nucléaire de quarante missiles intercontinentaux « capables de déjouer les systèmes de défense antimissile les plus sophistiqués ». C’est donc bien dans une escalade que les USA et l’Otan s’engagent. Barack Obama avait donné le ton lors du G7 dont la Russie avait été exclue en attaquant Poutine : « Souhaite-t-il continuer de ruiner l’économie de son pays et l’isoler davantage au nom de la recherche insensée de la gloire passée de l’empire soviétique ? Ou peut-il admettre que la grandeur de la Russie ne dépend pas de la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté d’autres pays ? »
En tout cas, une surenchère militaires entre grandes puissances qui représente une menace pour tous les peuples.
Yvan Lemaitre