Publié le Dimanche 22 décembre 2013 à 18h01.

Syrie : la révolution seule face au monde

Le processus révolutionnaire syrien continue à être la source de débats et de questions, alors que la « conférence de paix» de Genève 2 a été de nouveau reportée au 22 Janvier 2013.

Ce sommet poursuit les mêmes objectifs que les précédentes conférences dites de « paix pour la Syrie » : parvenir à un accord entre le régime d’Assad et une section de l’opposition bourgeoise et opportuniste liée à l’Occident et aux monarchies du Golfe. Cette fois, la différence notable est qu’elle se prépare sur fond de tractations entre les États-Unis et la République islamique d’Iran sur la question nucléaire, renforçant encore la volonté des deux régimes de mettre fin au processus révolutionnaire syrien en prenant en compte leurs intérêts respectifs. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), autour de l’Arabie saoudite et du Qatar, avance ses propres pions et a publié une déclaration le 28 novembre 2013 affirmant que la Coalition nationale doit être soutenue et considérée comme le seul représentant légitime de l’opposition syrienne pour la conférence de Genève 2. Le rapprochement entre l’Iran et les États-Unis démontre à nouveau la futilité de certains secteurs à gauche qui ne veulent pas voir que les différentes puissances mondiales et les puissances régionales, en dépit de leur rivalité, ont comme intérêts communs la défaite des révolutions populaires de la région et d’abord en Syrie.Ainsi, la résistance populaire est confrontée à des difficultés croissantes : pendant qu’on ne parlait que des armes chimiques, l’aide étrangère de l’Iran, de la Russie et la participation massive dans les combats du Hezbollah et des groupes irakiens chiites, ont permis à l’armée du régime de réoccuper de nombreuses régions et territoires qui avaient été libérés. De plus, le manque de tout soutien militaire et économique à l’Armée syrienne libre a conduit à son affaiblissement et sa division. Elle a été la cible des djihadistes et de certains groupes islamistes qui ont assassiné des officiers et attaqué ses brigades.

Une révolution toujours vivanteQue ce soit en Occident ou au Moyen-Orient, les médias dominants ainsi que les différents gouvernements veulent nous faire croire que la révolution syrienne est morte et s’est définitivement transformée en une guerre confessionnelle. Pourtant, les révolutionnaires à l’intérieur du pays n’ont pas cessé de lutter, multipliant les appels à la démocratie et à l’unité du peuple syrien contre les tentatives de le diviser.Ainsi des manifestantEs dans la ville de Raqqa ont chanté sur les ruines d’un bâtiment bombardé le matin même par les avions du régime, en acte de défi et de résistance contre les forces d’Assad. Contre les pratiques de l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIS), d’autres manifestations récentes ont exigé la libération des prisonniers détenus dans diverses régions, avec des pancartes proclamant : « nous condamnons les enlèvements, les procès secrets, et la torture dans l’obscurité des prisons, parce qu’ils reproduisent les actions du régime Assad ».Il faut également noter la formation de l’Union syrienne libre, le 13 octobre 2013 à la suite d’une réunion à Rihania, ville sur la frontière syro-turque. Composée d’environ 106 groupes et collectifs rassemblant des brigades militaires, des groupes d’information et d’autres formations civiles, son acte de fondation appelle notamment à une Syrie libre et démocratique dans laquelle toutes les communautés religieuses et les ethnies seraient traitées de manière égale.L’activisme et l’auto-organisation populaire dans le processus révolutionnaire est donc toujours d’actualité. N’enterrons pas le peuple syrien révolutionnaire, il est loin d’avoir dit son dernier mot !

Joseph Daher