Publié le Jeudi 27 octobre 2022 à 13h00.

USA : à l’approche des élections de mi-mandat, les questions économiques sont essentielles

Les élections de mi-mandat, qui décideront de qui contrôlera le Congrès, auront lieu le 8 novembre, et de nombreux électeurs ont déjà voté par anticipation ou par correspondance. Selon les dernières enquêtes, les questions économiques sont essentielles dans les choix des électrices et électeurs indécis.

Les Démocrates font valoir que l’administration du président Joe Biden a adopté des projets de loi et dépensé des milliards pour alléger la dette des étudiantEs, protéger le climat et améliorer les transports, les services publics et soutenir l’industrie et la construction. Les Républicains dépensent des millions en publicité, accusant Biden d’être responsable de la hausse des prix et de la criminalité. Et jusqu’à présent, ils gagnent du terrain. Selon le dernier sondage New York Times/Siena College, 49 % des électeurEs prévoient de voter républicain et 45 % démocrate ; les Républicains gagnant du terrain chez les femmes et les Latinos. Le principal problème des Démocrates est l’économie.

Soutien aux syndicats

À certains égards, même si les principaux gagnants sont les milliardaires, l’économie étatsunienne est pour l’instant forte, avec un taux de chômage de 3,5 % proche de son plus bas niveau historique et des employeurs qui continuent à embaucher. Bien qu’il soit également vrai que plusieurs millions de travailleurEs, principalement des hommes, n’ont pas réintégré la population active depuis le déclin du covid. Si l’emploi est fort, le taux d’inflation de 8,2 % mine le pouvoir d’achat des travailleurEs. La hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et du logement affecte à la fois les classes moyennes et les classes populaires. En réaction, les travailleurEs s’organisent plus dans certains secteurs.

Selon le dernier sondage Gallup, 68 % de la population approuve aujourd’hui les syndicats, le chiffre le plus élevé depuis 1965, ce qui donne aux syndicats un nouvel élan. Les syndicats ont récemment remporté plus d’élections de représentation qu’à aucun autre moment au cours des vingt dernières années, amenant plus de 40 000 travailleurEs à se syndiquer, bien qu’en 2021 le nombre total de syndiquéEs ait continué à baisser. Les deux campagnes de syndicalisation les plus visibles — Starbucks et Amazon — se poursuivent. Plus de 6 500 travailleurEs de 250 magasins Starbucks appartenant à l’entreprise ont voté en faveur de la syndicalisation, un résultat impressionnant, bien qu’il y ait au total 15 444 magasins Starbucks avec environ 350 000 travailleurEs. La campagne d’Amazon a toutefois subi une défaite cuisante ce mois-ci dans un établissement d’Albany, dans l’État de New York, qui emploie 950 travailleurEs, par 406 voix contre 206.

Développement des grèves

La syndicalisation s’est accompagnée d’une recrudescence des grèves parmi les travailleurEs de la restauration rapide, les employéEs de Starbucks, les infirmières et autres travailleurEs de la santé, les enseignantEs, les assistantEs d’enseignement universitaire et bien d’autres. Parmi les employéEs de bureau des secteurs privé et public, s’il n’y a pas beaucoup de grèves, on assiste à des conflits entre patrons et travailleurEs autour du retour au travail dans les bureaux. Après plus de deux ans de travail à domicile via Zoom, de nombreux et nombreuses travailleurEs résistent au retour sur le lieu de travail, exigeant des arrangements hybrides — quelques jours au bureau et quelques jours à la maison chaque semaine — ou simplement le travail à domicile.

Le covid a eu des effets durables sur la classe ouvrière. Seize millions de personnes en âge de travailler aux États-Unis souffrent de covid long, et entre deux et quatre millions d’entre elles sont au chômage. À l’échelle nationale, les cas de covid n’augmentent pas pour le moment, bien que 350 personnes meurent encore chaque jour, mais les responsables de la santé publique s’inquiètent du fait que seuls 14,8 millions de personnes ont reçu le dernier rappel, ce qui laisse les autres vulnérables. Par ailleurs, de nouveaux variants suscitent des inquiétudes quant à une éventuelle poussée du covid cet hiver. De nombreux programmes fédéraux d’aide aux personnes atteintes du covid ont pris fin.

Alors que le pays s’est remis des dernières vagues de covid, les mouvements sociaux n’ont pas été très actifs, à l’exception du mouvement des femmes. Ainsi, au cours du printemps et de l’été derniers, les mouvements tant noirs que latinos n’ont pas été très actifs, en raison peut-être de la détérioration de la situation des personnes aux revenus les plus faibles. La décision de la Cour suprême dans l’affaire Dobbs, qui a annulé l’arrêt Roe et mis fin au droit à l’avortement protégé par le gouvernement fédéral, a entraîné une nouvelle génération de femmes dans l’activisme pour protéger les droits reproductifs. Une grande partie de cette énergie a été dirigée vers les élections de mi-mandat au Congrès pour empêcher le Parti républicain d’interdire l’avortement dans tout le pays.

Malheureusement, la recrudescence du militantisme syndical et le nouveau combat pour l’avortement ne sont pas encore assez importants pour influer vraiment sur la scène politique.

Traduction Henri Wilno