Publié le Vendredi 23 décembre 2022 à 12h00.

USA : les enseignantEs de l’université gagnent une grève ; les travailleurEs de Starbucks en organisent une

Après cinq semaines de grève, la plus grande grève de l’enseignement supérieur de l’histoire des États-Unis et la plus importante de cette année, les 36 000 enseignantEs des dix campus de l’Université de Californie, rattachés au syndicat United Auto Workers, sont parvenus à un accord de principe le 16 décembre.

Ce projet d’accord prévoit des augmentations de salaire, une amélioration de la couverture médicale et des prestations de garde d’enfants. Si la majorité de l’équipe de négociation du syndicat a voté en faveur du contrat, une importante minorité s’y oppose et a appelé les membres à voter contre et à poursuivre la grève pour obtenir un meilleur accord. Un groupe de 12 000 post-doctorantEs, qui avaient fait grève, ont obtenu plus tôt un meilleur contrat. Les 48 000 grévistes touchaient quelque 300 000 étudiantEs en attente de leurs notes et environ 70 000 en attente de leur diplôme de fin d’études, ce qui a constitué un point d’appui pour le syndicat.

Un accord pour les travailleurEs sur les salaires

L’accord de principe accorde à ces travailleurEs, en fonction de leur localisation dans l’État de Califormie, un salaire de base de 25 000 dollars par an immédiatement et entre 34 000 et 36 486 dollars d’ici 2024. Ils recevraient également 2 025 dollars par semestre pour la garde d’enfants et une couverture santé à 100 % dans de nombreux cas. Le vote final aura lieu du 19 au 23 décembre.

Les salariéEs diplômés, qui se sentent comme des serfs dans le système éducatif, ont adhéré à divers syndicats et se sont organisés à travers tous les États-Unis. Ce n’est pas un groupe facile à organiser : les universités ont fait obstacle à leur organisation, les salariéEs travaillent dans des dizaines d’universités publiques et privées ; ils sont répartis dans de nombreuses catégories d’emploi différentes, dépendent de leurs chefs de département pour leur emploi et pour certains revenus versés sous forme de bourses. De plus, tous les deux ou trois ans, l’ensemble de la cohorte de ces diplôméEs quitte l’université pour occuper un emploi dans le secteur public ou privé, ce qui rend difficile le maintien des membres organisés ainsi que la continuité organisationnelle et politique.

Campagnes de syndicalisation et grèves

Aujourd’hui, cependant, avec le soutien des principaux syndicats et sous l’effet de l’inflation, nombreux sont ceux qui s’organisent, font grève et gagnent souvent. Par exemple, à la New School (université privée de New York), où 90 % des cours sont assurés par des adjoints et des conférenciers non permanents, dont beaucoup sont employés à temps partiel. Ils ont obtenu de modestes améliorations des salaires et des prestations de soins de santé après une grève de trois semaines.

Les campagnes de syndicalisation dans l’enseignement supérieur sont importantes pour le mouvement syndical pour plusieurs raisons. Premièrement, en raison du faible taux de syndicalisation total des salariéEs (10,3 % en 2021), chaque renforcement syndical est important. Deuxièmement, ces salariéEs démontrent que les grèves peuvent être efficaces et qu’il est possible de gagner. Troisièmement, ces diplôméEs se dirigent ensuite vers un travail dans d’autres industries et services, emportant avec eux leur expérience syndicale.

Des centaines de salariéEs de Starbucks en grève

Le jour même où les travailleurEs de l’université de Californie ont conclu un accord de principe pour mettre fin à leur grève, des centaines de travailleurEs de 100 magasins Starbucks ont entamé une grève de trois jours pour protester contre les pratiques de travail déloyales de l’entreprise. Les employéEs de Starbucks ont remporté des élections de représentation syndicale supervisées par l’administration dans 270 magasins, soit environ 80 % de toutes les tentatives, mais en réponse à la syndicalisation, l’entreprise a fermé des magasins et licencié des travailleurEs, ce qui est illégal dans les deux cas. L’entreprise a également proposé des améliorations des salaires et des conditions de travail dans des magasins où il n’y a pas de syndicalisation, afin d’inciter les travailleurEs à rejeter la représentation syndicale.

« Ils redoublent d’efforts pour briser les syndicats, alors nous faisons de même », a déclaré Michelle Eisen, serveuse dans un café Starbucks de Buffalo, dans l’État de New York, qui a été le premier à voter pour le syndicat il y a un an. « Nous exigeons un recrutement équitable, la fin des fermetures de magasins et que Starbucks négocie avec nous en toute bonne foi. » Organiser les salariéEs de Starbucks est une tâche monumentale étant donné qu’il existe 9 265 magasins gérés par l’entreprise et 6 608 magasins sous licence aux États-Unis.

Les socialistes démocrates d’Amérique (DSA), qui sont impliquéEs dans les syndicats d’universitaires à travers le pays, ont lancé une campagne de solidarité avec les travailleurEs de Starbucks et ont mobilisé leurs membres pour rejoindre les piquets de grève des travailleurEs. Quelques-unEs de ces travailleurEs rejoindront sans doute DSA, qui vise à devenir une organisation liée à la classe ouvrière.

Traduction Henri Wilno