Publié le Vendredi 1 mai 2020 à 12h02.

Macron aussi se prépare au Premier Mai : surveillance, délation, répression

Si le monde social, ouvrier, écologiste et démocratique, se pose la question – aussi  légitime que compliquée – de comment exprimer en ces temps de confinement sa colère contre les politiques mises en œuvre, le monde gouvernemental et policier se pose, lui, la question de comment contrôler et réprimer toute expression de cette colère confinée. Et notamment à l’occasion de ce Premier Mai « confiné »… Le ministère de l’Intérieur se rassure : au niveau national, pas d’appel syndical généralisé aux traditionnels rassemblements et cortèges qui risquaient d’exprimer dans la rue et faire converger tous les mécontentements accumulés depuis le début du confinement et bien avant, avec les mobilisations sur les retraites ou avec les Gilets jaunes.

Rassuré ? Pas tant que ça. Comme le rapporte Le Figaro (29 avril), dont la proximité avec le pouvoir est bien connue, « les services de renseignements sont eux aussi en alerte. L’attention sera d’autant plus forte que l’atmosphère des villes et des villages s’annonce agitée. » Et notamment « l’atmosphère » dans les quartiers populaires qui, dans la région parisienne, ont connu des révoltes le week-end dernier. Donc pas question de tolérer le moindre « dérapage ». Le Big Brother macronien s’intéresse tout particulièrement à Internet, les « analystes » de la police, à l’affût de la moindre « menée subversive », étant convaincus, comme le rapporte toujours Le Figaro, qu’« Internet remplace la rue. Depuis le début de l’épidémie, l’activité physique a cédé le pas à une multiplication d’actions numériques et dématérialisées. »

L’État autoritaire « en marche »

Et, alors que les syndicats notamment ont appelé pour le Premier Mai à exprimer les revendications via les réseaux sociaux, les pancartes et banderoles sur les façades, le contrôleur général Michel Lavaud, porte-parole de la police nationale, a averti que - que ce soit sur Internet ou dans la rue - les « «menaces, injures publiques seront passibles d’une sanction, tout comme les outrages pour lesquels un contrevenant peut encourir de six mois à un an d’emprisonnement ». Et  « le déploiement de banderoles outrepassant la liberté d’expression politique et sociale sera constaté par la police et, le cas échéant, transmis au parquet qui décidera des suites à donner.»

Une menace déjà, il y a quelques jours, mise à exécution à Toulouse à l’encontre d’une habitante de la Roseraie, placée en garde à vue, pour avoir affiché sur sa maison une banderole « Macronavirus, à quand la fin ? » Une incroyable atteinte à la liberté d’expression qui exprime crûment la volonté du pouvoir de museler les droits démocratiques pour faire passer de force sa politique au service du capital.  

« Invitation » à la délation

Contrôler, surveiller, étouffer les libertés et droits démocratiques, réprimer – l’autoritarisme macronien est bien « en marche ». L’autre volet de la politique de ce gouvernement toujours en quête d’une « union sacrée » autour de la crise sanitaire, c’est l’appel à la collaboration de la population, et y compris à la délation organisée. De triste mémoire ! Comme l’exprime fort délicatement Le Figaro, les internautes sont, dans le cadre de la mise en place d’une « veille réputationnelle », « invités au civisme » en signalant à la plateforme Pharos du ministère de l’Intérieur « les contenus délictuels détectés lors de leur navigation sur les réseaux », les « experts » de la direction centrale de la PJ, qui recoupe les informations, se chargeant de saisir un service d’investigation… L’affaire de la banderole de Toulouse montre bien ce que le pouvoir entend par « contenu délictuel » !Plus que jamais la défense des droits et libertés démocratiques est une urgence !