Le gouvernement a décidé que rien, absolument rien, ne devait échapper à l’austérité. Des « experts » mettent sur la sellette le financement de la protection sociale, les régimes de retraites, les hôpitaux, la branche maladie de la Sécu… Et maintenant au tour des « allocs » !Le gouvernement a lancé des ballons d’essai dans les médias et prétend attendre les conclusions d’un rapport demandé à Bertrand Fragonard, conclusions dont on peut aisément deviner le contenu au vu de son récent livre (« Vive la protection sociale », éditions Odile Jacob, septembre 2012)…Les mesures « au rendement significatif »…– « Fiscaliser les allocations » : il s’agirait donc de les inclure dans la déclaration de revenus soumis à l’impôt. Les prestations versées par les CAF (allocation aux familles ayant au moins deux enfants, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation logements, allocation pour les handicapés, etc.) sont déjà très insuffisantes. Les 127 euros mensuels d’allocation ne permettent pas de faire face aux charges de deux enfants. Et les foyers qui n’étaient pas imposables le deviendraient et devraient se serrer davantage la ceinture.– « Soumettre toutes les prestations à des conditions de ressources » : il faudrait donc réserver les allocations familiales « à ceux qui en ont réellement besoin ». En réalité, c’est une mesure d’économie qui pourrait s'étendre à toute la Sécu. Les personnes un peu plus aisées seraient exclues des prestations sociales et incitées à souscrire à des assurances privées. Les allocations, pensions et remboursements seraient réservés aux plus pauvres. Privatisation et assistance : le rêve du Medef !– « Fusionner des prestations » : la fusion du Complément familial (versé sous conditions de ressources aux familles ayant au moins trois enfants) et la Prestation d’accueil des jeunes enfants rapporterait un milliard d’euros. Cela inaugurerait un « vaste ménage » dans les prestations.… qui sont une baisse de salaire !Les allocations familiales ont été à l’origine appelées un sursalaire familial, destiné à faire face aux charges familiales. C’est la seule branche de la Sécu à être financée uniquement par cotisation dite patronale. Le taux de la cotisation famille s'élevait à 16,65 % en 1951 pour tomber à 9 % en 1990, puis à 5,4 % en 2010. Les salaires en dessous de 1,6 fois le SMIC (2 288 euros bruts) en sont totalement exonérés. Et ils osent nous parler de « trou de la Sécu » ! Les patrons doivent payer les cotisations, la part socialisée des salaires, à la hauteur des besoins, afin que les allocations soient revalorisées et versées dès le premier enfant, sans condition de ressources.S. Bernard
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