Dans sa préparation du budget, le gouvernement fait des économies sur les aides sociales, pendant que les contribuables les plus riches continuent de profiter des niches fiscales. Si la contre-réforme des retraites est particulièrement emblématique de la politique antisociale de Sarkozy et de son gouvernement, la préparation du budget 2011 en constitue un autre élément significatif. La prétendue réduction des déficits sert de justification à une nouvelle vague de coupes claires dans les dépenses sociales : aide au logement, emplois à domicile, emplois aidés, allocations handicapés, etc. Certaines de ces « aides » étaient, il est vrai, fort discutables, puisqu’elles consistaient surtout à aider les employeurs et contribuaient à entretenir un système fondé sur les bas salaires. Reste que leur suppression va indéniablement accroître le chômage et la précarité, notamment pour les femmes qui occupent la grande majorité des emplois à domicile. L’impossibilité pour les étudiants et leurs parents de cumuler l’aide personnalisée au logement (APL) et la demi-part fiscale pour enfant à charge va évidemment aggraver la situation de dépendance et de précarité de nombreux étudiants, situation déjà fort préoccupante.
Et que dire de l’échelonnement de la revalorisation – déjà bien trop faible – de l’allocation pour les adultes handicapés ? Ces mesures sont socialement désastreuses, pour des « économies » assez dérisoires. Les commentateurs et la presse ne s’y sont pas trompés en soulignant de manière assez unanime que la « facture austérité » – l’expression est du journal Le Monde – serait payée par « les classes moyennes et les plus démunis ». Mais, en réalité, la principale mesure d’austérité continue d’être la baisse du nombre de fonctionnaires, avec les conséquences connues en termes de dégradation des services publics. Le scandale s’accroît encore si l’on examine le volet « recettes » du budget. Certes, le ministre du Budget, François Baroin, essaie de donner le change : on va, affirme-t-il, « raboter » voire supprimer les « niches fiscales ». Mais, pour l’instant, on n’en sait pas plus… C’est pourtant là l’essentiel du problème : l’invraisemblable accumulation d’exonérations fiscales dont bénéficient patrons et contribuables fortunés est la cause réelle du déficit budgétaire. Selon la Cour des comptes, les exemptions d’assiette sociale – tickets-restaurant et indemnités de départ à la retraite, mais aussi participation, intéressement… et stock-options – coûtent annuellement entre 30 et 35 milliards d’euros au Budget de l’État. Il en va de même pour les exonérations sur les plus-values de cession des filiales : à hauteur de 8 milliards annuels.
Les exonérations ciblées de cotisations sociales, la TVA réduite sur les travaux de rénovation, les réductions d’impôts pour les DOM ainsi que pas moins de… 458 niches fiscales (!) représentent également plusieurs dizaines de milliards d’euros de manque à gagner pour les finances de l’État. Sans compter les 3 milliards pour les exonérations sur les contrats d’assurance-vie ou les 2,4 milliards que représente la TVA à 5,5 % dans la restauration, pur cadeau clientéliste qui n’a permis ni embauche ni amélioration des salaires et des conditions de travail du personnel. Ni, évidemment, baisse des prix…Et puis, il y a, bien sûr, le célèbre bouclier fiscal !
En bref : on réduit l’allocation « adulte handicapé » pour que le fisc puisse continuer à faire des chèques de remboursement de 30 millions d’euros à Mme Bettencourt… On lit parfois que Sarkozy gouverne pour les riches. Les « riches » ? C’est assez… imprécis.
En réalité, ce sont les intérêts d’une toute petite minorité de très riches qu’il défend avec acharnement ! François Coustal