À l’Office national des forêts (ONF), on tente aussi de se mobiliser pour la défense des services publics.
Le jour même de la manifestation nationale de l’ONF le 14 décembre dernier, qui avait rassemblé plus de 1 000 forestierEs à Paris dans un grand silence médiatique, le DG annonçait l’embauche de CDI de droit privé sur des postes de « gardes » forestiers.
C’était le dernier tabou. Si l’ONF a le même statut d’EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) que la SNCF, ce statut est « dérogatoire » car il permet l’embauche de fonctionnaires d’État. De fait, hormis les ouvriers toujours restés de droit privé, deux tiers des personnels ont toujours été fonctionnaires. Si la tendance avait commencé à s’inverser dans les bureaux, les personnels de terrain étaient toujours à 100 % fonctionnaires.
Contre la vision macronienne des services publics
Sur sa lancée, et devant la faiblesse de la réaction syndicale, le DG est cohérent : aucun concours de fonctionnaire en 2018 pour remplacer les départs en retraite, demande aux ministères de tutelle d’entériner la fin du caractère « dérogatoire » de l’EPIC, non-respect toujours plus large des règles de la fonction publique...
Chargés de gérer durablement 4,6 millions d’ha (sans compter les 8 millions d’ha outre-mer...) de forêts et d’autres milieux naturels, en alimentant à 40 % la filière bois aval, les forestiers publics ont besoin de leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques et politiques : il faut contrôler les acheteurs prêts à n’importe quelle dégradation pour sortir plus de bois le plus rapidement possible ; il faut pouvoir dire non aux communes, de plus en plus nombreuses à être en difficulté financière, qui veulent boucher les trous de leur budget en coupant toujours plus de bois. Ils sont par ailleurs assermentés (et pour ça, il faut encore être fonctionnaire) pour faire respecter le code forestier et le code de l’environnement.
Face à ces attaques qui sont certainement représentatives de la vision macronienne des services publics, l’intersyndicale nationale (qui représente 90 % des personnels aux élections) n’arrive pas encore à se mettre à la hauteur des enjeux et n’a organisé aucune initiative en 3 mois. L’appel à se joindre à la grève de la fonction publique du 22 mars a été timide. Pourtant, en Franche-Comté par exemple, une centaine de forestierEs se sont regroupés dans la manifestation de Besançon pour faire un cortège « vert », visible et revendicatif, qui a plu à touTEs.
Une autre action est lancée : la « fermeture » symbolique des forêts par des autocollants syndicaux sur les panneaux d’entrée, afin d’alerter la population. Espérons qu’il y en aura d’autres et que les forestierEs sauront intégrer leur lutte à celles des autres services publics.
Correspondant