En France, 70 % de la production d’électricité vient des centrales nucléaires. Annonçant en décembre 2020 la construction de 6 EPR1, d’un porte-avions et d’un sous-marin nucléaires, Macron a réaffirmé : « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil ». Cette relance du programme nucléaire a un alibi, la voiture électrique, et s’appuie sur ses influenceurs patentés qui avancent masqués.
La filière nucléaire est au bord de la faillite. Les 6 EPR coûteraient plus de 50 milliards d’euros à EDF, qui doit aussi débourser 100 milliards d’euros pour rénover ses centrales, 18 milliards d’euros pour le chantier EPR en Angleterre plus les surcoûts liés à divers fiascos (EPR Flamanville, opérations en Amérique latine…). L’État a injecté 4,8 milliards d’euros dans Orano, 3 milliards d’euros dans EDF, sans parler du démantèlement et de la gestion des déchets. Ces coûts titanesques seront payés par les usagerEs.
La privatisation d’EDF avec maintien d’une entité nucléaire publique est un exemple criant de socialisation des coûts et de privatisation des bénéfices. Dans un marché libéralisé de l’énergie livré à la concurrence capitaliste, les requins du secteur laissent durablement à la charge de la société toutes les conséquences sociales, économiques, environnementales et sanitaires. Les dividendes versés aux actionnaires d’EDF (22 milliards d’euros en 13 ans) auraient été plus utiles à développer les énergies renouvelables (EnR).
Un monopole public de l’énergie, secteur « essentiel »
Le productivisme capitaliste pousse à la consommation et crée des marchés socialement inutiles. Le principal gisement d’énergie, c’est d’abord les économies : arrêt des gabegies, du tout-auto, des gadgets inutiles, de l’obsolescence programmée … au profit d’appareils sobres en énergie, de l’isolation thermique, de la maîtrise de l’éclairage public, d’une politique de transports cohérente et efficiente...
En plein déni sur les risques d’accidents et au lieu de développer les EnR, le gouvernement s’obstine à imposer de fausses solutions : prolonger les centrales vieillissantes, construire des EPR, enfouir les déchets de haute activité à Bure (Cigeo2)… La PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) est un gaspillage éhonté de fonds publics : les compteurs Linky (6 milliards d’euros), l’EPR (19 milliards d’euros), Cigeo (35 milliards d’euros)… ou encore ITER3 (20 milliards d’euros) pour produire 500 MW pendant 6 minutes !
Les entreprises d’État du nucléaire se comportent en multinationales sans scrupules, comme Orano-Areva qui soutient la dictature au Niger. Le NPA propose leur mise sous contrôle total par les salariéEs et usagerEs, sans indemnités ni rachat. Et, pour satisfaire les besoins d’électricité, de créer un monopole public de l’énergie, débarrassé du nucléaire. Le mode actuel de production hyper-centralisé doit évoluer vers un maillage énergétique sur tout le territoire, permettant aux populations de contrôler et de décider en fonction des besoins prioritaires, tout en veillant à préserver la biodiversité. Cela permettrait aussi de centraliser l’évaluation des potentiels d’économies énergétiques, de mise en place des EnR et même d’assurer un transfert gratuit des technologies EnR vers les pays du Sud, permettant un développement écologiquement viable.
En Europe, une coopération doit permettre une mutualisation des productions d’éolien off-shore, de géothermie dans le nord, de solaire dans le sud... afin d’assurer un approvisionnement constant, dans le cadre d’un accord de service public européen.