Publié le Mercredi 3 septembre 2025 à 09h34.

Dans un moment diplomatique difficile, l’Ukraine résiste militairement

Trois ans et demi après le début de l’invasion russe, la résistance ukrainienne reste déterminée, malgré les pressions diplomatiques et les attaques militaires.

Au lendemain de sa fête d’indépendance, l’Ukraine a subi des bombardements meurtriers de drones et de missiles balistiques pour démoraliser la population. Près de vingt personnes ont été tuées à Kyiv. Sur le front, l’armée d’invasion poursuit son grignotage territorial pour s’assurer le contrôle total des oblasts du sud-est. Depuis trois ans, les quelques villes conquises par la Russie l’ont été au prix d’immenses efforts et de longs mois de campagne. La récente avancée russe d’une dizaine de kilomètres au sud de Kramatorsk a provoqué beaucoup d’inquiétudes, mais elle a été contenue puis repoussée par des unités expérimentées. Dans les territoires conquis, l’occupation russe se durcit pour anéantir toute velléité de résistance. L’armée ukrainienne plie mais ne rompt pas, multipliant les frappes en mer Noire et sur les infrastructures énergétiques russes.

Refus d’une paix à n’importe quel prix

Sur fond de complicité avec Poutine, Donald Trump souffle le chaud et le froid, faisant pression sur le pouvoir ukrainien pour qu’il accepte ses conditions de paix, et sur les pays européens pour qu’ils se chargent de l’appui financier et militaire. Divisés, ceux-ci mégotent leur soutien : si l’invasion russe est leur principal argument pour déployer une augmentation massive des budgets militaires, via le programme ReArm Europe, leur aide effective est nettement plus timide (0,21 % du PIB de la France). Face à ces atermoiements, Poutine cherche à gagner par la diplomatie ce qu’il ne réussit pas à gagner sur le terrain. Il veut asphyxier l’Ukraine et la soumettre à l’influence impérialiste de la Russie.

La population ukrainienne souffre, plus de trois ans et demi après le début de l’invasion à grande échelle. Mais elle refuse la paix à n’importe quel prix : le retrait de l’oblast du Donetsk, exigé par le Kremlin, est inenvisageable. Ce serait abandonner la première ligne de défense et faciliter la prochaine attaque. Une zone tampon équivaudrait aussi à des concessions territoriales importantes. Que pourraient peser des garanties de sécurité qui n’ont empêché ni l’occupation de la Crimée ni l’invasion de février 2022 ?

Solidarité internationaliste avec les résistances populaires 

La gauche ukrainienne déterminée se bat sur deux fronts. Elle paie un lourd tribut humain dans les combats, mais Solidarity Collective poursuit ses actions de soutien aux militaires engagéEs et aux populations les plus exposées. La lutte se mène aussi contre la politique néolibérale du gouvernement, qui sape les capacités de résistance populaire. Les syndicats se mobilisent contre les tentatives de privatisation, pour le respect des conditions de travail et de salaire. Les étudiants de Priama Dina (Action directe) se battent pour contrôler leurs universités. En juillet, d’importantes manifestations ont obligé Zelensky à retirer une loi qui affaiblissait les agences de lutte contre la corruption, confirmant la force des oppositions progressistes, dans lesquelles nos camarades de Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) sont investiEs.

Le combat difficile des syndicalistes, féministes et activistes LGTBQI+, en première ligne contre les forces fascistes et impérialistes, ne doit pas rester isolé : leur défaite serait la nôtre. Toutes les formes de soutien — politique, syndical ou humanitaire — sont indispensables à  la résistance ukrainienne.

Dominique Boury