Après une immense mobilisation en 1920, les 1er Mai suivants, alors que la revendication des 8 heures n’est plus en jeu, sont marqués par la division syndicale1, puis par la crise économique et la montée fasciste.
Dès sa prise du pouvoir en 1933, Hitler se débarrasse du caractère de lutte de classe de cette journée en faisant du 1er Mai une fête légale : la Journée nationale du travail, avec une parade fasciste.
Des « trois huit » au muguet, les symboles changent, le 1er Mai aussi
En France, face au coup de force fasciste du 6 février 1934 se réalise l’unité de toutes les organisations ouvrières qui s’exprime massivement alors, tant dans des manifestations du 14 Juillet, notamment celle de 1935, que le 1er Mai.
Les insignes portés à cette occasion symbolisent l’évolution du rôle politique du 1er Mai. En 1890, les manifestantEs portent à la boutonnière un petit triangle rouge, symbole de la division harmonieuse de la journée en « trois huit » : travail, sommeil, loisir. L’églantine rouge le supplante vite, et dans les années 1930, le muguet, la fleur traditionnelle du printemps et de l’amour, apparaît et la remplace, même si des manifestantEs arborent en 1936 du muguet tressé de rouge. Face à l’approche de la guerre, les 1er Mai suivants sont enfouis « dans les plis du drapeau tricolore »2.
De 1954 à 1968, la chape de plomb coloniale
Dans la France occupée, Pétain dissout la CGT et pour capter la journée des travailleurs, crée un jour férié le 1er Mai3 comme « Fête du travail et de la concorde sociale ».
Il faut attendre le 1er Mai 1945 pour retrouver la tradition ouvrière, qui alors devient un enjeu politique. La CGT appelle celui de 1946 « 1er Mai de la renaissance française » avec un cortège de chars, une sorte de carnaval.
Les manifestations du 1er Mai et du 14 Juillet continuent jusqu’en 1953, année où le défilé parisien du 14 Juillet, organisé par le PCF et la CGT pour célébrer « les valeurs de la République » inclut plus de 6 000 manifestantEs menéEs par le parti nationaliste algérien MTLD4. À l’arrivée place de la Nation, la police tire sur ce cortège, faisant 7 morts et des dizaines de blesséEs. À la suite de ce massacre, la France coloniale, puis celle du coup d’État de De Gaulle de 1958, interdit les manifestations du 1er Mai et du 14 Juillet... jusqu’au défilé du 1er Mai 1968.