Les élections présidentielle et législatives ont éclairé les processus politiques en cours. L’extrême droite se fait plus menaçante que jamais depuis la Deuxième Guerre mondiale, la gauche est considérablement remodelée et le pouvoir classique de la bourgeoisie est en grande difficulté.
Le NPA a donc été à l’initiative d’un débat sur la nouvelle situation avec diverses organisations se situant sur le terrain de la lutte radicale contre le capitalisme. Nous avons reçu des contributions d’Ensemble !, de son courant Autogestion et émancipation, d’Ensemble insoumis devenu une organisation indépendante, la Gauche écosocialiste ; du regroupement Rejoignons-nous, de l’Union communiste libertaire et de Pour une écologie populaire et sociale. Nous avions également sollicité « On s’en mêle ». Vous trouverez également deux contributions du NPA. L’une de sa majorité, l’autre de sa principale minorité, la fraction L’Étincelle.
Le débat sur la « recomposition de la gauche »
Ce débat est vieux comme le mouvement ouvrier. Mais depuis la guerre, la tactique des révolutionnaires était résumée par la formule du Programme de transition « la crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire » qui signifiait la nécessité de gagner les masses trahies mais dirigées par le Parti communiste et les socialistes.
La chute de l’URSS et la contre-offensive libérale suivant les années 70 ont transformé la discussion. Ainsi, en 1988, la LCR indiquait, après la campagne Juquin, qu’il s’agissait d’un « test pour la possible affirmation d’une force anticapitaliste se fixant des objectifs allant bien au-delà de l’échéance électorale proprement dite. La LCR, pour sa part, souhaite que ce test soit positif… Pour nous, l’objectif est un nouveau Parti révolutionnaire à influence de masse ».
L’usure de la gauche institutionnelle et la formation d’une nouvelle gauche
La participation de l’ensemble de la gauche au gouvernement Jospin a changé la donne. Les thèses du congrès de la LCR de 2005 indiquent : « la perte d’influence et la grave crise de tous les partis de la gauche ex-plurielle ouvrent des conditions inédites pour avancer vers une nouvelle force anticapitaliste à influence de masse. En menant une politique indépendante, sans compromission avec les différents projets de collaboration de classe qui sont discutés aujourd’hui dans l’ex-gauche plurielle. Mais aussi une politique unitaire et ouverte. »
C’est sur cette base qu’a été construit le NPA. Mais c’est aussi en alternative à la gestion loyale du capitalisme qu’ont émergé le Front de gauche, puis la France insoumise, et d’autres organisations dans le monde. Le congrès du NPA de 2015 pointait ses désaccords : « Le Front de gauche et ses composantes défendent une alternative antilibérale et institutionnelle à l’intérieur du système capitaliste, et militent pour une nouvelle combinaison parlementaire à gauche avec EELV et le PS ou une partie du PS, en vue d’une nouvelle majorité de gauche et/ou font campagne pour la VIe République. » Force est de constater que LFI a gagné son pari et a rassemblé les autres courants de gauche.
Autrement dit, la recomposition ne s’est pas déroulée comme notre courant l’espérait : sous le coup des attaques de la bourgeoisie, la perspective socialiste et révolutionnaire a été mise à mal ; le refus de la gestion du système est apparu comme un critère essentiel pour reconstruire une nouvelle gauche ; tandis que l’auto-activité de la classe s’est fortement réduite.
Nous en sommes là. Le débat se poursuit donc, dans de nouvelles conditions !
Antoine Larrache