Publié le Dimanche 20 mars 2011 à 11h26.

Gabon. Les phrases de trop

Les vents de la révolution arabe sont aussi des vents africains et touchent des pays sous le joug de dictatures ou de présidents illégitimes, c’est-à-dire beaucoup de pays du continent. Au Gabon tout le monde sait que le fils d’Omar Bongo, appelé par la rue le «Mollah’son», est au pouvoir grâce à une mascarade électorale qui ne trompe personne. Le documentaire Françafrique, réalisé par Patrick Benquet, fait d’ailleurs explicitement référence à cet épisode électoral où l’ancien «monsieur Afrique» de Chirac, Michel de Bonnecorse, explique tranquillement que les résultats entre Ali Bongo et André Mba Obame, dit AMO, ont été inversés. La contagion révolutionnaire de Tunisie et d’Egypte, l’aveu d’un responsable français de cette forfaiture électorale et la situation ivoirienne ont certainement motivé André Mba Obame à se déclarer président du Gabon, se réfugiant dans l’enceinte d’un bâtiment des Nations Unies et interpellant la communauté internationale sur les fraudes électorales massives qui ont eu lieu au Gabon.

Cependant AMO s’est un peu emporté dans ses déclarations en vilipendant la corruption du pouvoir établi quand il déclara: «Ça fait des années qu’ils se servent dans les caisses de l’Etat et je sais de quoi je parle» (1). Ce qui n’est pas fait pour nous rassurer sur la probité de cet individu. Lors de sa campagne il prit soin de rassurer tout ce qui compte au Gabon, d’abord le patronat gabonais en lui assurant qu’il «apporterait l’ordre et la discipline dans l’administration», quant aux investisseurs étrangers il leur donnait des gages contre une concurrence déloyale.

(1) Lemonde.fr avec AFP et Reuters, 26 janvier 2011